TRANSPORTS Transports et économie
Pour saisir en un tout l'ensemble des activités des différents modes de transport, comprendre en quoi ils constituent une même activité humaine, l'économie est une, sinon la, discipline qui fournit les concepts les plus efficaces. Il suffit pour s'en convaincre d'y appliquer les catégories sur lesquelles celle-ci est fondée : celles de bien ou service économique, d'offre, de demande et d'échange. Mais c'est aussi en appliquant au transport ces concepts unificateurs que l'on fait apparaître à la fin les spécificités du transport et toutes les limites de l'application des concepts. Or ces spécificités et ces limites, qui empêchent de réduire les transports à la seule notion de « marché des transports », sont pour une grande part à l'origine de ce qui en fait de très longue date un champ d'intervention privilégié de la puissance publique, et donc de controverses que l'économiste s'est toujours donné pour tâche de rationaliser.
Du point de vue de l'économiste, parler du transport c'est tout d'abord analyser l'économie interne de cet ensemble, en lui appliquant le concept d'économie de marché, puis c'est examiner son poids et son rôle dans l'économie nationale, pour finalement aborder l'incontournable politique de la puissance publique dans ce domaine, dans la définition et le choix de laquelle les outils de l'économiste prennent de plus en plus de place.
L'économie du transport
Un service économique très spécifique
Le transport se définit comme le déplacement d'un bien ou d'une personne d'un point à un autre. C'est un bien économique, comme une coupe de cheveux ou une paire de chaussures, même s'il n'est pas seulement cela. Techniquement, le transport est davantage un service qu'un bien, parce qu'il est plus immatériel que matériel, même si on conservera ici l'habitude de le désigner du nom de bien. Ce bien présente des caractéristiques propres. Les principales sont les suivantes :
– Tout d'abord, le transport est un bien de consommation intermédiaire. Il est rarement demandé en soi et pour soi. Il constitue un auxiliaire de l'activité professionnelle, des loisirs ou de la production. La demande de transport ne peut donc se comprendre qu'en relation avec le mode de vie et l'activité de production.
– Ensuite, c'est une activité à forte intensité capitalistique. La production de transport, ou plus exactement le transport motorisé, met en jeu du capital (des routes, des chemins de fer, des camions, des locomotives, des avions, etc.), des inputs (carburants, électricité), du travail (des camionneurs, des cheminots, des pilotes) et du temps. Cela est vrai de tous les biens, mais à des degrés divers, et la part du capital, en infrastructure comme en moyens de transport, est plus importante pour le transport que pour la plupart des biens, en particulier des services.
– Une troisième caractéristique du transport est la longue durée de vie de ses infrastructures. Les décisions en la matière vont porter leurs fruits pendant des décennies, voire des siècles. La période de construction de ces infrastructures est également très longue. Pour des raisons techniques (il faut plusieurs années pour construire un ouvrage complexe) et surtout socio-politiques (il faut encore plus longtemps pour faire accepter le principe et le tracé d'une voie routière ou ferroviaire), quinze ans peuvent s'écouler entre la décision de création d'une infrastructure et sa mise en service. L'offre de transport s'inscrit donc dans le long terme.
– Quatrièmement, une large part du « travail » nécessaire au transport est fournie en dehors de tout marché par les usagers eux-mêmes qui conduisent leurs propres véhicules. Le transport est ainsi dans une large mesure une « autoconsommation[...]
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Écrit par
- Rémy PRUD'HOMME : professeur émérite, université de Paris-XII
Classification
Médias
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