TRANSSEXUALISME
Traitement du transsexualisme
Conditions préalables
En France, la HAS recommande une phase préalable d’évaluation diagnostique, notamment psychiatrique, avec plusieurs entretiens étalés sur quelques mois. Cette recommandation a été souvent critiquée, la DG ayant justement été dépsychiatrisée. On peut répondre à cela qu’il faut l’avis d’un psychiatre pour dire que ce n’est pas psychiatrique, confirmant l’existence d’une réelle souffrance psychique liée à une DG et pour formuler un avis pronostic sur le soulagement que pourrait apporter la THC.
Parmi ces conditions préalables, il faut aussi mentionner le real life test (expérience de vie réelle) recommandé par l’Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres, la WPATH (World Professional Association for transgender health), qui considère qu’avant toute décision à caractère irréversible, le candidat doit avoir vécu une expérience de réalité en adoptant quotidiennement pendant au moins un an l’apparence du sexe revendiqué. Ce test ne peut se limiter à un travestissement occasionnel et correspond en quelque sorte à un coming out. Autre condition préalable, la collégialité entre les professionnels de santé, entraînant une évaluation puis une décision pluridisciplinaire de leur part. Il est recommandé par la HAS d’avoir recours à une réunion de concertation pluridisciplinaire, instance formalisée, utilisée en médecine et en chirurgie quand un diagnostic ou un traitement nécessite une approche par des professionnels de santé de différentes disciplines. La décision commune qui est formulée est soumise et expliquée aux patients. Il s’agit d’évaluer si le bénéfice thérapeutique compense largement les risques encourus. Si l’on se réfère à l’article 4 du Code de déontologie médicale, aucune intervention mutilante ne peut être pratiquée sans motif médical très sérieux. En l’occurrence, si la volonté éclairée du patient est évidemment indispensable, elle n’est pas suffisante. Le fait qu’il demande à subir une THC ne constitue pas en soi « un motif médical très sérieux ». Cette intervention doit reposer sur la mise en évidence par des médecins compétents, formés et expérimentés, d’une DG qui ne peut être soulagée que par cette THC. Ce qui suppose, d’un point de vue éthique, que cette pratique ne peut être poursuivie sans que soit menée parallèlement une recherche pluridisciplinaire sur ce sujet. Quant à la prise en charge des dépenses de santé par l’assurance maladie, outre celles prévues par la reconnaissance d’une affection de longue durée, un accord de la CNAM est également nécessaire pour la prise en charge des interventions chirurgicales spécifiques de la THC. La France est le seul pays où le facteur financier ne peut donc être un obstacle à la THC, car elle est prise en charge à 100 %.
Possibilités thérapeutiques
Sur le plan psychiatrique, même si l’objectif de la THC est de soulager une souffrance psychique, il ne s’agit pas d’un suivi ou d’un traitement mais d’une évaluation, qui est aussi un accompagnement, voire un soutien, et qui devrait comporter un bilan après THC pour en confirmer les effets attendus et pour élaborer d’éventuelles problématiques psychosociales en lien avec celle-ci. Sur le plan endocrinologique, si le bilan ci-dessus rapporté et la décision de la réunion de concertation pluridisciplinaire sont en faveur de l’éligibilité de la personne à l’hormonothérapie, celle-ci peut être initiée. Il est désormais recommandé de vérifier préalablement que la personne a bien pris conscience de la stérilité consécutive à la THC et de l’informer d’une possible conservation de ses gamètes. Pour les MtF, l’hormonothérapie associe un traitement antiandrogène, qui bloque donc les hormones du sexe d’origine c’est-à-dire la testostérone, et l’estrogénothérapie, c’est-à-dire[...]
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Écrit par
- Bernard CORDIER : psychiatre des hôpitaux, expert honoraire près la cour d'appel de Versailles
Classification
Médias
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