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TRAUMATISME PSYCHIQUE

La notion de trauma comporte deux pôles : l‘un médical et l’autre psychique. D'après l'étymologie – trauma, en grec, signifie « blessure » –, l'aspect médical apparaît historiquement en premier. En ce sens, on définira d'abord un traumatisme comme une lésion, une blessure produite par un agent extérieur qui a agi de façon mécanique.

Le mot « traumatisme » sera ensuite appliqué aux blessures psychiques, aux chocs émotionnels violents dus à une situation si critique, exceptionnelle et urgente que le sujet est dans l'impossibilité de les maîtriser ou de les décharger : il se trouve démuni, impuissant, tant psychiquement que physiquement, à maîtriser l'événement. Ce défaut de contrôle peut être physique et énergétique (prostration, par exemple) ; il peut se traduire par une absence d'organisation de son système de défense ou par un vide au niveau du sens de l'événement dans son existence. Le traumatisme est donc un phénomène relatif aux circonstances, à l'intensité de l'événement et aux ressources personnelles du sujet.

Autrement dit, « le traumatisme psychique (ou trauma) est un processus psychique d'effraction et de débordement du psychisme » (Louis Crocq, 1996). On parle alors de traumatisme psychique, l'emploi du terme « trauma » étant considéré comme un raccourci ou, éventuellement, un abus de langage. Peut-être son usage s'est-il développé sous l'influence de l'équivalent anglais du mot traumatisme qui est trauma.

Quant au syndrome psychotraumatique (ou état de stress post-traumatique), il peut être défini comme l'ensemble des conséquences du traumatisme qui se manifestent psychiquement, psychologiquement et somatiquement. Lorsque les troubles se sont chronicisés et perdurent pendant plusieurs années, on parle de névrose traumatique.

Évolution de la notion de trauma

Ce concept s'est construit sur les champs de bataille des guerres de l'histoire et connaît actuellement une médiatisation qui a permis de prendre conscience que, lors d'un conflit, c'est toute une population qui est concernée et pas seulement les soldats. Par ailleurs, la prise en compte des catastrophes « civiles », telles que les tremblements de terre, les inondations ou les prises d'otages, s'est révélée très importante pour la recherche tout autant que les aspects thérapeutiques.

En 1889, Hermann Oppenheim invente le terme de « névrose traumatique » à partir d'un présupposé étiopathogénique. L'action mécanique du choc est tenue responsable de l'affection. À la même époque, Jean-Martin Charcot considère que la conscience serait « hypnotisée » par l'effroi engendré lors de l'événement traumatique.

Sigmund Freud construit une théorie générale des névroses où le traumatisme est considéré comme un choc violent (physique ou non) avec effraction psychique, puis bouleversement interne et psychique. Cet événement apporte un surcroît d'excitation psychique que l'individu a du mal à assimiler et qui provoque des troubles durables. La méthode cathartique doit permettre d'exprimer la décharge émotionnelle et d'aboutir à la disparition du symptôme de conversion. Le traumatisme psychique trouverait donc son origine dans des événements (réels ou fantasmés) antérieurs à la manifestation pathologique et à très forte charge émotionnelle, ce qui a motivé le refoulement.

En 1918, Sandor Ferenczi rappelle que, pour la psychanalyse, les symptômes névrotiques sont des manifestations (ou des réactions) de désirs inconscients, et que les symptômes des névroses traumatiques auraient pour conséquence une sorte de narcissisme infantile, se traduisant par un besoin d'être soigné et dorloté comme les enfants.

Otto Fénichel parle d'un blocage, consécutif au trauma, des trois fonctions[...]

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