TRAVAIL/TECHNIQUE (notions de base)
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Vers l’« homme nouveau » ?
Le marxisme et les utopies socialistes possèdent en commun le projet d’une société où le travail « aliéné » aurait disparu. L’un des plus grands paradoxes de la théorie de Marx est qu’après avoir souligné que c’est le travail qui forme l’homme, le philosophe imagine une société sans travail dans laquelle l’homme accomplirait enfin toutes ses potentialités.
L’auteur du Capital le proclame : « Le propre du socialisme, c’est de créer les conditions économiques, politiques, sociales et culturelles qui permettent à chaque homme qui porte en lui le génie de Mozart ou de Raphaël de le déployer pleinement. »
Pour qu’un tel monde devienne possible, Marx crée la figure du « prolétaire » : un homme « libéré » de toute particularité. Tandis que le noble était caractérisé par son ascendance, le bourgeois par sa richesse héritée ou acquise, le prolétaire est un individu réduit à lui-même, réduit à sa définition d’homme, donc identique à son genre. À la suite de Marx, les sociétés communistes chercheront à façonner un « homme total », dont les manifestations et les productions individuelles ne seront plus la source d’opposition ou de différenciation hiérarchique avec d’autres individus, mais des contributions à l’enrichissement de l’essence humaine. Et parce que cet homme générique n’existe pas, ces sociétés s’organiseront de telle façon que les individus soient contraints de s’approcher le plus possible de ce terrifiant modèle.
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Écrit par
- Philippe GRANAROLO : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État ès lettres, professeur en classes préparatoires
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