TREBLINKA
Le complexe nazi de Treblinka, situé près du village homonyme, se trouvait à 80 kilomètres au nord-est de Varsovie sur la ligne Varsovie-Bia|lystok. Il comprenait en réalité deux camps distincts. Les nazis ouvrirent d'abord un petit camp, nommé Treblinka, à 4 kilomètres de la gare du même nom en décembre 1941. La seconde infrastructure, plus grande et ultra-secrète, dénommée « T.II » (Treblinka II) dans les documents officiels, fut ouverte à un 1,5 kilomètre de la première en juillet 1942. Celle-ci était destinée à exterminer les juifs dans le cadre de la « solution finale » de la question juive. Les nazis établirent ce camp, ainsi que ceux de Belzec et de Sobibor, dans le cadre de l'« Action Reinhard », programme visant à exterminer la population juive de la Pologne occupée.
La déportation massive des habitants du ghetto de Varsovie débuta le 22 juillet 1942. En deux mois, les nazis déplacèrent ainsi plus de 250 000 juifs de Varsovie qui devaient trouver la mort à Treblinka. Ils tuèrent aussi plus de 100 000 juifs venus d'autres régions de Pologne. Dès qu'elles descendaient des wagons de marchandise qui les avaient acheminées à Treblinka II, les victimes étaient séparées en fonction de leur sexe, dépouillées de leurs vêtements et autres possessions, conduites dans des salles de douches et gazées au monoxyde de carbone. Ce gaz d'échappement, produit par des moteurs Diesel, était diffusé par des pommes de douche factices fixées au plafond de la salle. Il allait par la suite être remplacé par le zyklon B. Les juifs travaillant dans le camp de concentration amenaient ceux qui étaient incapables de marcher dans une zone appelée infirmerie, au-dessus de laquelle flottait un drapeau de la Croix-Rouge. Le bâtiment ne renfermait en réalité qu'une grande fosse devant laquelle les invalides étaient fusillés.
En août 1942, le premier commandant du camp, Irmfried Eberl, fut remplacé par un autre officier SS, Franz Stangl, auparavant affecté à Sobibor. Les Allemands travaillant à Treblinka, soit une trentaine d'hommes, Stangl compris, venaient tous des centres de mise à mort de l' opération T4 instaurée pour éliminer les infirmes et les handicapés. Une centaine d'Ukrainiens et entre 700 et 1 000 prisonniers juifs masculins les aidaient lors des exécutions, récupérant sur les corps les dents en or, les dentiers et autres biens précieux, avant de les transporter dans les fosses communes.
Les convois de juifs devant être gazés étaient au début si fréquents qu'un goulot d'étranglement apparut en raison de la capacité limitée des chambres à gaz. Un mois après l'ouverture de Treblinka, les nazis firent construire des chambres à gaz supplémentaires, multipliant ainsi par plus de trois les capacités d'extermination. Au moins 750 000 personnes auraient ainsi été tuées à Treblinka, le camp arrivant en deuxième position derrière Auschwitz pour le nombre de victimes juives.
Le 2 août 1943, un groupe de travailleurs prisonniers juifs fit éclater une révolte programmée depuis des mois, tuant quelques gardes ukrainiens et un officier SS. Mais l'opération, déclenchée au mauvais moment et frappée de malchance, se solda par un échec. La plupart des 200 prisonniers qui réussirent à s'échapper furent tués ou repris.
Les nazis fermèrent les installations de Treblinka II en octobre 1943, et celles de Treblinka I en juillet 1944. Moins d'une centaine de survivants furent retrouvés après la Seconde Guerre mondiale.
Dans les années 1960, la Pologne érigea un monument imposant à Treblinka. Constitué de près de 17 000 pierres, il dessine la forme du camp de la mort. Des blocs de béton ressemblant à des traverses de chemin de fer marquent l'entrée du camp où les wagons arrivaient. Une grande arche de pierre représente les chambres à gaz tandis qu'une[...]
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Écrit par
- Michael BERENBAUM : ancien directeur de l'Institut américain de recherche sur la Shoah et de la Fondation américaine pour l'histoire visuelle des survivants de la Shoah
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Autres références
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