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TREIZE MAI 1958

Félix Gaillard - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Félix Gaillard

Le 15 avril 1958, accusé d'avoir trop cédé aux « bons offices » américains, le gouvernement présidé par Félix Gaillard est mis en minorité. Politiquement, la crise du 13 mai, qui deviendra une date historique, commence ; elle s'achèvera six semaines plus tard, le 1er juin, lorsque l'investiture sera accordée au ministère présidé par le général de Gaulle, le dernier de la IVe République.

Après les refus ou les échecs de Georges Bidault, de René Pleven, de René Billères, de Jean Berthoin, c'est Pierre Pflimlin qui, dans la nuit du 13 au 14 mai, reçoit l'investiture pour le gouvernement qu'il a formé en quatre jours pendant lesquels, à Alger, la situation a dangereusement évolué. En effet, le 9, on y a appris l'exécution, par le Front de libération nationale (FLN), de trois soldats français prisonniers et, ce même jour, le président René Coty reçoit un télégramme du général Salan qui souligne les inquiétudes d'une armée difficilement contrôlable dans ses réactions, cependant que l'Union pour le salut et le renouveau de l'Algérie française, pour qui Pflimlin est la dernière cartouche du « Système », appelle le peuple d'Algérie à exiger du président Coty la formation d'une équipe nationale capable de gouverner sous l'autorité de Georges Bidault, de Jacques Soustelle et d'André Morice. Dans un tel climat, la tâche du nouveau ministère s'avère des plus délicates ; au jour même de sa présentation, tandis qu'à Paris se déroule une manifestation des partisans de l'Algérie française, Alger se révolte : le gouvernement général et l'immeuble de la Radio sont occupés par la foule, le général Massu annonce la formation d'un Comité de salut public. C'est la grande nuit du forum algérois, bientôt suivie par la manifestation de réconciliation franco-musulmane du 16 mai, et l'accueil de Jacques Soustelle parti clandestinement de France.

Pierre Pflimlin - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Pierre Pflimlin

Raoul Salan et Jacques Massu, mai 1958 - crédits : Keystone/ Getty Images

Raoul Salan et Jacques Massu, mai 1958

Sur le forum d'Alger, le 15 mai, le « Vive de Gaulle » de Salan a de larges échos ; le 19, de Gaulle tient une conférence de presse pour déclarer qu'il se tient à la disposition du pays ; Antoine Pinay puis Guy Mollet prennent contact avec lui ; le 24 mai l'on apprend l'arrivée en Corse de parachutistes qui soutiennent un comité de salut public, créé à l'exemple et à l'instigation de celui d'Alger. Enfin, le 27 mai, un communiqué du général de Gaulle déclare qu'il a entamé le processus régulier nécessaire à l'établissement d'un gouvernement républicain. Le ministère Pflimlin démissionne.

Deux semaines se sont écoulées depuis la journée du 13 mai, et l'impasse est inévitable pour le gouvernement et pour l'Assemblée où tout le monde ne partage pas l'opinion selon laquelle seul un appel officiel à de Gaulle peut éviter une guerre civile. C'est pourtant la solution que choisit le président Coty quand, sur sa demande, le 28 mai, les présidents des deux assemblées, Monnerville et Le Troquer, rencontrent le général de Gaulle pour discuter avec lui des conditions de son retour. Le lendemain, le président Coty reçoit le général de Gaulle qui accepte de former un ministère où se trouveront, aux côtés de Mollet, Pinay, Pflimlin, Berthoin, des hommes comme Malraux, Debré, Couve de Murville.

En Algérie, cette nouvelle met un terme aux inquiétudes et dans le « Je vous ai compris » que de Gaulle lance sur le forum le 4 juin, beaucoup voient la conclusion heureuse du mouvement déclenché le 13 mai.

— Pierre-Robert LECLERCQ

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Félix Gaillard - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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Pierre Pflimlin - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

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Raoul Salan et Jacques Massu, mai 1958 - crédits : Keystone/ Getty Images

Raoul Salan et Jacques Massu, mai 1958

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