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TRENTE (CONCILE DE)

Une histoire mouvementée

Rarement concile œcuménique fut autant que celui-ci bousculé par l'événement, traversé d'embûches de toutes sortes. Ouvert en décembre 1545, il dut émigrer à Bologne en mars 1547 à cause de la peste. Puis, en septembre 1549, Paul III le prorogea sine die parce que Charles Quint exigeait le retour à Trente et que le pape, brouillé avec l'empereur, s'y refusait. Jules III, en mai 1551, accepta la reprise des travaux à Trente, mais la guerre religieuse en Allemagne et les progrès des troupes protestantes dans le Tyrol firent peser une menace sur la ville même où siégeait l'assemblée, qui décida, en avril 1552, de suspendre ses séances. Elles ne reprirent qu'en 1562, car Paul IV (1555-1559) était hostile au concile et, de plus, il était entré en guerre contre les Habsbourg aux côtés de la France. La paix du Cateau-Cambrésis et l'avènement de Pie IV permirent, en janvier 1562, la réouverture d'un concile qu'on croyait abandonné. La cérémonie de clôture eut lieu en décembre 1563.

Le concile fut-il surtout, selon l'expression de Leibniz, « un synode de la nation italienne » ? À la messe d'ouverture (13 déc. 1545), on ne comptait qu'un Français sur quatre archevêques, qu'un Français et un Allemand sur vingt et un évêques. Le 18 janvier 1562, les pères italiens étaient quatre-vingt-cinq, les espagnols quatorze, les portugais trois, les grecs trois, les autres nationalités – française, allemande, anglaise, néerlandaise, polonaise – n'étant représentées chacune que par un seul membre. Cependant, de nouveaux arrivants gagnèrent Trente en 1562. Les Français finirent par être vingt-sept. Il faut aussi souligner la minceur des effectifs globaux. Alors que trois cents pères environ avaient participé au IIIe concile du Latran et quatre cent quatre au IVe (1215), à Trente il n'y eut jamais plus de deux cent trente-sept votants. Les plus importantes décisions doctrinales du concile, en 15461547 et en 1551 – sur la tradition, le péché originel, la justification, les sacrements –, furent prises par des assemblées qui ne réunirent jamais plus de soixante-douze votants. Or, en 1545, déduction faite des territoires passés à la Réforme, le nombre des évêchés résidentiels en Europe dépassait le demi-millier. Le concile fut peut-être œcuménique en droit ; il ne le fut pas en fait. Il exprima surtout la chrétienté méridionale. Toutefois, deux cent cinquante-cinq pères représentant l'ensemble du monde resté catholique signèrent, le 5 décembre 1563, des décrets doctrinaux et disciplinaires qui avaient été établis, souvent quinze ou dix-sept ans auparavant, par d'autres qu'eux-mêmes. Ils assumèrent donc l'ensemble de l'œuvre du concile. Ils le firent avec d'autant plus de conviction qu'entre 1545-1549 et 1562-1563 le personnel conciliaire avait changé, les papes s'étant efforcés de choisir de meilleurs évêques. Le climat religieux et politique s'était pareillement modifié en Europe : l'époque de Philippe II commençait. Les tentatives iréniques avaient fait long feu. Il fallait affirmer.

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Écrit par

  • : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut

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Concile de Trente - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

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