NEUVY-EN-SULLIAS TRÉSOR DE
Le 27 mai 1861 fut trouvé dans une carrière de sable de Neuvy-en-Sullias (Loiret), petit village de la rive droite de la Loire, près de Saint-Benoît, un trésor, placé dans une cachette sommairement aménagée, peut-être dans la seconde moitié du iiie siècle après J.-C., composé de statuettes et d'objets en bronze. Ces œuvres sont très importantes, autant pour la connaissance de l'art celtique du début de l'époque gallo-romaine que pour celle de la religion gauloise de la même époque. Ce trésor provenait vraisemblablement d'un sanctuaire rural voisin. Les pièces datent du ~ ier siècle au ier siècle après notre ère. Acquis dès 1864 par la ville d'Orléans pour le Musée historique et archéologique de l'Orléanais, cet ensemble a été augmenté en 1882 par l'acquisition de la Danseuse nue et, en 1993, par celle d'une statuette d'Homme nu dansant, également en bronze.
Le trésor comprend des figurines et des statuettes d'animaux et, parmi divers objets, une trompette droite.
Les statuettes d'hommes et de femmes sont au nombre de dix. Deux seulement sont habillées, un « danseur » vêtu d'une casaque et un « orateur » vêtu d'une tunique. Trois hommes et quatre femmes sont nus, dans une attitude qui est considérée comme celle de la danse, avec jambes ployées et mouvements amples. Leur torse est long, leurs formes étirées et comme distordues. Quatre des statuettes sont particulièrement connues : un homme barbu, les bras en avant, parfois appelé Le Jongleur (14 cm de hauteur), qui porte sur la cuisse droite une estampille qu'on peut lire scuto ou souto ; un « équilibriste » (12 cm de hauteur), levant la tête pour tenir un objet disparu qui s'y insérait par un trou ; une « danseuse » relevant d'une main une longue chevelure : son torse est grêle et ses jambes trapues et un Homme nu dansant. Enfin, trois statuettes de divinités : un Mars, un Esculape et un génie bachique ; cette dernière pièce était un élément décoratif de meuble. Ces statuettes sont d'un style gallo-romain traditionnel.
Sept statues ou statuettes d'animaux complètent l'ensemble : un petit bœuf ne mesure que 5 centimètres ; quatre sangliers, dont deux (26 cm et 36 cm) en bronze martelé et repoussé, sont très stylisés (l'un d'eux, très ramassé sur lui-même, avec un museau allongé, porte sur le dos une haute aigrette simulant les voies dorsales ; l'aspect est tout à fait semblable à celui des pièces de l'époque de La Tène trouvées dans le monde celtique, ou à certaines représentations de monnaies gauloises) ; un bœuf, dont la tête manque, est en tôle de bronze très mince ; un cerf (38 cm de hauteur), en bronze coulé, est solidement campé sur quatre pattes trapues ; un cheval processionnel (65 cm de hauteur au garrot et pesant 70 kg), repose sur un socle, et le tout est en bronze coulé, d'une facture très réaliste ; une dédicace sur le socle associe au culte d'Auguste le dieu Rudiobos, symbolisé par le cheval ou par un cavalier (manquant).
Sur le plan technique, il faut distinguer dans les œuvres en bronze coulé à la cire perdue celles qui sont faites d'une seule pièce (dieux, danseurs, certains animaux) de celles dont les différentes parties sont ajustées (comme le cheval) ; d'autres pièces enfin sont en tôle de bronze martelée et repoussée.
Ces dernières sont d'un style assez typiquement gaulois, avec les déformations traditionnelles, et il serait tentant d'en faire des œuvres du ~ ier siècle. Les autres animaux sont traités dans un classicisme gallo-romain encore très celtique dans les proportions, et ne doivent pas être postérieurs au ier siècle. Les divinités ne se distinguent en rien de l'art provincial gallo-romain. Les sujets humains sont bien plus énigmatiques ; la maladresse n'est en[...]
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Écrit par
- Alain DUVAL : conservateur en chef du musée des Antiquités nationales, Saint Germain en Laye
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