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TRÉSORS ARCHÉOLOGIQUES DU NORD DE LA FRANCE (exposition)

Région exposée aux invasions, mais aussi région peuplée et active où les ruines des édifices ont été réemployées dans de nouvelles constructions, le nord de la France n'a conservé aucun monument visible de son passé lointain. Sa richesse archéologique, cachée dans le sol et révélée par des trouvailles fortuites, a attiré les entrepreneurs de fouilles du xixe siècle qui ont exploité les grands sites dans un but uniquement mercantile, enrichissant les collections privées, ainsi que les grands musées européens et américains. À cette dispersion s'est ajoutée, lors des deux guerres mondiales, la destruction de plusieurs musées régionaux qui a considérablement amoindri un patrimoine encore souvent inédit. La loi de 1941 sur les fouilles, qui a mis fin au pillage des sites, et le renouveau de l'activité archéologique depuis 1960, ont permis la reconstitution des collections publiques. Cependant, aucune rétrospective véritablement représentative de la richesse archéologique régionale ne peut s'envisager sans faire appel aux grands musées français (Louvre, cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale, musée des Antiquités nationales, Saint-Germain-en-Laye) ou étrangers (notamment le British Museum de Londres, et les Musées royaux d'art et histoire de Bruxelles).

L'entreprise a été réalisée avec bonheur par les promoteurs de l'expositionTrésors archéologiques du nord de la France que le musée des Beaux-Arts d'Arras, après celui de Valenciennes, a présentée du 7 novembre 1997 au 18 janvier 1998. Le sous-titre, De la paix romaine à l'installation des Francs, précisait les limites chronologiques retenues – la période qui s'étend du ier au viie siècle de notre ère – dans un cadre géographique correspondant à la partie française du nord-ouest de la Gaule.

La première section, consacrée à l'archéologie gallo-romaine, présentait les pièces les plus connues du patrimoine régional : la coupe d'argent à décor dionysiaque dite d'Arras, trouvée en Artois au xvie siècle et conservée à Vienne (Kunsthistorisches Museum) ; le trépied de bronze découvert à Bavay (Nord) au xviiie siècle, appelé trépied de Bacchus, car chacun de ses pieds, formé d'une patte de panthère, est surmonté d'un buste de bacchant, enfant du cortège dionysiaque (musée de Douai) ; le grand plat aux poissons du trésor d'argenterie de Graincourt-lès-Havrincourt (Pas-de-Calais), trouvé en 1958 et acquis par le musée du Louvre, etc. L'exposition a également permis la réunion de pièces provenant d'ensembles dispersés, dont le trésor de Beaurains, près d'Arras, découvert en 1922, représente l'exemple le plus remarquable. Enfoui après 315, il se composait de monnaies d'or et d'argent, de bijoux et d'un chandelier d'argent, soit 700 pièces environ, que se partagent de nombreuses collections publiques et privées. Le lot conservé à Arras et les prêts du British Museum, des Musées royaux de Bruxelles et du cabinet des Médailles permettaient de se faire une idée de la fortune d'un officier de haut rang du Bas-Empire. La qualité du propriétaire nous est connue par la présence de très belles monnaies d'or frappées pour des donativa (dons monétaires faits par l'empereur à l'occasion d'événements importants), tel le superbe multiple de dix aurei à l'effigie de Constance Chlore, d'un poids de 52,88 grammes, dont le revers représente l'empereur à cheval recevant la soumission de la ville de Londres en 296.

La réunion de séries représentatives a permis de constater la grande qualité de la petite statuaire de bronze, de la vaisselle d'argent et de la verrerie, alors que la sculpture de pierre, peu abondante et surtout d'origine funéraire (peut-être par suite de la récupération des matériaux provenant[...]

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Écrit par

  • : ancien conservateur du musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Boulogne-sur-Mer, chargé de mission au musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye

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