TRESSES, mathématiques
Quelques propriétés des groupes de tresses
La multiplicité des approches vers les groupes de tresses fournit de nombreux outils pour étudier ceux-ci. Il est hors de question d'être exhaustif, et, à titre d'exemple, on mentionnera seulement quelques résultats sur la résolution du problème d'isotopie.
Peignage des tresses pures
C'est en partant directement des tresses géométriques qu'Artin a fourni la première solution au problème d'isotopie. Notons d'abord que, si les permutations associées à deux mots de tresses w et w' diffèrent, alors certainement w ≡ w' est faux. On en déduit que, pour résoudre le problème d'isotopie générale, il suffit de savoir reconnaître si un mot de tresse w codant une tresse pure représente ou non la tresse triviale. L'effacement du n-ième brin dans une tresse pure à n brins fournit une tresse pure à n-1 brins, et il en résulte que toute tresse pure à n brins peut s'écrire de façon unique comme le produit d'une tresse pure à n-1 brins (avec un n-ième brin non tressé) et d'une tresse où le n-ième brin va faire des tours autour des n-1 premiers brins qui restent rectilignes (fig. 17). Cette décomposition exprime que le groupe Pn est un produit semi-direct du groupe Pn-1 et d'un groupe libre à n-1 générateurs, et on peut en déduire une solution du problème d'isotopie, un mot de tresse pur w représentant la tresse triviale si son peignage aboutit au mot vide.
La théorie de Garside
L'étude algébrique des groupes de tresses part de la présentation d'Artin et repose sur le fait que Bn est le groupe de fractions d'un monoïde intéressant.
On a vu que le groupe Bn admet la présentation:
(*)
.
Alors le monoïde Bn+ de présentation (*) se plonge dans Bn et il correspond aux tresses où tous les croisements ont même orientation. De plus, Bn est groupe de fractions de Bn+: tout élément de Bn est quotient de deux éléments de Bn+. Un rôle majeur est joué par la tresse Δn, dont le carré engendre le centre de Bn pour n ∗ 3 (fig. 18).
Disons qu'une tresse b1divise une tresse b2 s'il existe b dans Bn+ vérifiant b2 = b1b, et appelons simple toute tresse divisant Δn dans Bn+. Il existe n! tresses simples à n brins, et toute tresse positive admet un diviseur simple maximal. En itérant, on obtient pour chaque tresse de Bn une unique expression Δnkb1…bl avec k entier relatif, b1, …, bl simples distinctes de Δn et bi diviseur simple maximal de bibi+1 pour chaque i. De là, on déduit une solution au problème d'isotopie: partant de deux mots de tresses w et w', on peut déterminer les expressions normales des tresses représentées par w et w', et on a alors w ≡ w' si et seulement si ces expressions coïncident. Cette méthode reflète ce qu'on appelle une structure automatique sur Bn, et sa complexité est quadratique: pour chaque n, il existe une constante cn telle que le calcul de la forme normale d'un mot de tresse à n brins de ℓ lettres requière cnl2 étapes au plus.
La théorie de Garside permet également de résoudre le problème de conjugaison des tresses, c'est-à-dire, étant donnés deux mots de tresse quelconques w et w', de déterminer si les tresses représentées par w et w' sont conjuguées dans le groupe Bn.
Propriétés d'ordre
L'étude des liens entre tresses et autodistributivité mène naturellement à ordonner les tresses. Étant donné deux tresses b et b', déclarons b < b' vrai si, parmi les différents mots représentant la tresse b-1b', il en existe au moins un où, pour un certain i, figure la lettre σi, mais ni σi–1, ni aucune lettre σj±1 avec j < i (fig. 19). On montre que la relation < est un ordre total sur Bn, compatible avec le produit à gauche (Dehornoy). Le groupe Bn est donc ordonnable, et il[...]
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Écrit par
- Patrick DEHORNOY : professeur à l'université de Caen et à l'Institut universitaire de France
Classification
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Autres références
-
NŒUDS (THÉORIE DES)
- Écrit par Jean BRETTE
- 1 904 mots
- 11 médias
Alexander a également montré que tout nœud peut être obtenu en refermant une tresse brin à brin. Par ailleurs, toujours dans les années 1920, Emil Artin a étudié algébriquement les tresses à n brins, qui forment également un groupe et qui sont engendrées par des croisements élémentaires d'un...