TRIANGLE D'OR (Paris)

La ville, tissu vivant

La ville évolue sans cesse. Ces changements sont lents et pourtant chaque jour apporte son lot de nouveautés, de modifications imperceptibles. Le Triangle d'or, particulièrement agité de soubresauts, est en quelque sorte une métaphore de la ville, synthèse toujours mouvante de social objectivé dans les choses et de social intériorisé par les personnes.

Sans l'intervention de la Ville de Paris, il est vraisemblable que les Champs-Élysées auraient connu le sort des Grands Boulevards. Le succès des beaux quartiers auprès des professionnels de l'immobilier et des dirigeants de sociétés est gros de déclin, d'usure, de dévalorisation. L'exemple des trois avenues du Triangle d'or met bien en scène ce processus qui engendre la dégénérescence d'un tissu urbain dévitalisé. L'exemple des villes américaines est là pour rappeler les effets destructeurs de la désertification des centres urbains. Sans intervention de l'État et des collectivités locales, on risque fort de voir se dépeupler le centre de Paris, une agglomération de plus en plus étendue dont les habitants les moins fortunés seraient relégués aux franges ultimes, dans ces banlieues qui ne sont plus vraiment la ville, les quartiers centraux en venant à jouer peu à peu le rôle de parcs d'attractions. Il s'en faut de peu qu'on ne fréquente le boulevard Saint-Michel, le forum des Halles, le centre Georges-Pompidou et sa piazza, voire Montparnasse ou le Marais – et bien entendu les Champs-Élysées – comme on visiterait un immense écomusée, mettant en scène la ville d'autrefois à laquelle on n'a plus accès. Comme la campagne l'est déjà devenue pour les citadins et les néo-ruraux, la ville est un spectacle pour les anciens citadins relégués à ses confins.