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TRIAS

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Le Trias représente le premier système du Mésozoïque (ère secondaire) et s'étale de — 251 (± 0,4) millions d'années (Ma) à — 199,6 (± 0,3) Ma, soit une durée de quelque 52 Ma. Ce terme a été défini pour la première fois par Friedrich August von Alberti pour désigner trois formations connues dans le sud de l'Allemagne et constituant le « Trias germanique » : le Bundsandstein, constitué de grès rouges formés essentiellement en environnements fluviatiles ; le Muschelkalk, correspondant à des calcaires coquilliers déposés en environnements marins francs ; et les argiles varicolores du Keuper déposées en milieu continental. Ces subdivisions présentent surtout un intérêt local (Allemagne, est de la France), aussi a-t-il fallu établir des subdivisions biostratigraphiques fondées sur les faunes d'ammonoïdes abondantes en particulier dans les séries carbonatées des Alpes autrichiennes ou « Trias alpin ».

Les limites du Trias correspondent à deux crises majeures de la biodiversité. À la base, la limite Permien/Trias est la plus importante crise biologique connue ; elle est contemporaine de la mise en place des immenses trapps de Sibérie. Cette limite est définie par un stratotype de limite ou GSSP (Global boundary Stratotype Section and Point), qui est localisé sur la coupe de Meishan en Chine. Au sommet, la limite Trias-Jurassique correspond aussi à une crise de la biodiversité contemporaine de la mise en place des trapps de la province magmatique de l'Atlantique-Central. À la fin du Trias, ce secteur était soumis à un rifting très actif à l'origine de ce volcanisme intense et de l'ouverture de l'Atlantique-Central.

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Le Trias comprend trois sous-systèmes ou séries : le Trias inférieur, qui comprend les étages Induen et Olénékien définis dans l'Arctique canadien sur la base de la biozonation d'ammonoïdes ; le Trias moyen qui est représenté par l'Anisien et le Ladinien, définis respectivement en Autriche et dans les Dolomites, dans le nord de l'Italie ; et, enfin, le Trias supérieur avec le Carnien, le Norien et le Rhétien, également définis dans les Alpes orientales.

À la limite Permien-Trias, après la disparition des trilobites, gigantostracés, goniatites, coraux tabulés, tétracoralliaires et fusulines et l'extinction de nombreuses familles d'échinodermes et de brachiopodes, le Trias inférieur correspond à une période de reconquête. En domaine marin, les céphalopodes sont surtout représentés par les cératites et les ammonites. Sur les plates-formes, les lamellibranches supplantent les brachiopodes qui dominaient jusqu'alors. Des lamellibranches à coquille très fine caractérisent les environnements pélagiques et peuvent constituer des repères stratigraphiques utiles. Les conodontes, abondants au Trias et très utilisés en biostratigraphie, disparaissent à la limite Trias-Jurassique. En ce qui concerne les vertébrés, divers groupes de reptiles marins se diversifient au Trias inférieur et moyen. Les sauroptérygiens et les ichtyosaures sont connus dès la fin du Trias inférieur. La plupart des reptiles étaient adaptés à une vie côtière. C'est pourquoi, lors de la régression du Trias supérieur, seules les formes particulièrement adaptées à la vie du large (ichtyosaures et plésiosaures) ont pu survivre. En domaine continental, les premières occurrences de Lystrosaurus, reptile synapside dicynodonte, marquent la base du Trias. Ce groupe de reptiles mammaliens herbivores donnera naissance aux mammifères. Les premiers dinosaures apparaissent au Carnien. La flore comporte des bryophytes, sphénophytes, lycophytes, filicophytes, pré-spermaphytes (glossoptéridales, ginkgoales, cycadales et bennettitales) et enfin des coniférales dont le genre Voltzia est largement répandu. En domaine marin, les algues vertes (dasycladales) prolifèrent et le phytoplancton commence à se développer.

La succession de collisions continentales intervenues au cours du Paléozoïque supérieur (orogenèse hercynienne) a conduit à la formation de la Pangée, masse continentale unique et relativement stable au cours du Trias, avant sa fragmentation au Jurassique. Ce super-continent était bordé à l'Ouest par la Panthalassa, et à l'Est par l'océan téthysien dont la dorsale était déportée vers la marge passive méridionale, le long de l'Inde et de l'Arabie ; La marge Nord de la Téthys était au contraire affectée par une subduction. La Pangée s'étendait des hautes latitudes nord aux hautes latitudes sud (environ 700), de manière grossièrement symétrique par rapport à l'équateur. Cette configuration paléogéographique est à l'origine d'un climat marqué par une extrême continentalité, seules les bordures continentales et le domaine océanique présentant des précipitations significatives. Dans ce contexte, où les températures estivales devaient atteindre 35 à 45 0C, on constate une dilatation des zones arides attestée par le dépôt massif d'évaporites et de sables éoliens.

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Les évaporites triasiques, roches relativement plastiques, ont joué un rôle important lors de la tectogenèse alpine en tant que zone de décollement permettant le déplacement des nappes de charriage le long des plans de chevauchement. Le Trias évaporitique est par ailleurs souvent impliqué dans les processus de déformations liées à la plasticité des masses de sel (halocinèse) et dans la formation de dômes de sel (diapirs)

— Jean-François DECONINCK

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