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TRIBUNE, église

Dans son acception la plus large, le terme « tribune » désigne une galerie supérieure charpentée ou voûtée, suffisamment vaste pour qu'on puisse y circuler, et qui ouvre sur l'intérieur de l'édifice par une suite de baies plus ou moins importantes. Il convient toutefois de distinguer deux types essentiels de tribune dont la fonction détermine l'emplacement.

Dans l'architecture carolingienne et ottonienne, la tribune a une destination liturgique. Elle se situe le plus souvent dans le massif occidental, ou Westwerk, et ouvre sur trois côtés. Elle s'accompagne parfois d'une arrière-salle qui est une salle impériale, comme à Saint-Servais de Maëstricht aux Pays-Bas. À Aix-la-Chapelle, une tribune est installée au premier étage de l'octogone, et l'empereur avait son trône dans la travée faisant face à l'autel. Ces tribunes jouaient un grand rôle dans la liturgie, soit qu'elles aient abrité des cultes annexes, soit qu'elles aient été liées au culte impérial, ou même utilisées, comme dans l'abbaye de femmes d'Essen en Allemagne, pour accueillir les hommes.

Dans l'architecture romane et le premier art gothique, la tribune se trouve au-dessus des bas-côtés et a la même largeur qu'eux. Elle ouvre sur la nef centrale, le transept ou l'abside, par une série de baies très souvent géminées (Sainte-Foy de Conques), parfois triples (Notre-Dame de Paris). Les grandes églises de pèlerinage, telles que Saint-Sernin de Toulouse ou Saint-Jacques de Compostelle, possèdent des tribunes dans la nef et dans le transept. Leurs dimensions attestent qu'elles jouaient un rôle important dans la circulation des fidèles à l'intérieur de ces églises. Ces tribunes peuvent être charpentées (Gernrode en Allemagne), voûtées d'arêtes (Jumièges en Normandie, consacrée en 1067), en demi-berceau (Issoire) ou en voûtes d'ogives quadripartites (Notre-Dame de Paris). Les tribunes jouent un rôle essentiel dans l'équilibre de l'église : placées au-dessus des bas-côtés, elles assurent un épaulement de la nef centrale, du transept ou de l'abside, et même un contrebutement actif lorsqu'elles sont voûtées en demi-berceau. L'architecture romane en Auvergne et les églises de pèlerinage ont largement utilisé ce procédé constructif, ainsi que les édifices du premier art gothique tels que Laon, Noyon ou Saint-Remi de Reims. Ce n'est que par une utilisation bien comprise de l'arc-boutant que l'architecture gothique pourra renoncer à l'emploi des tribunes. On appelle fausse-tribune une suite de baies placées au-dessus des grandes arcades d'une église, simulant les ouvertures d'une tribune quant à leur importance et à leur rythme, mais qui n'ouvrent en fait que sur le collatéral ou sur les combles du bas-côté. Il convient de noter que le terme de tribune (tribuna) s'applique dans l'architecture italienne aux balcons de la croisée du transept ; à la cathédrale de Florence, il désigne aussi les trois absidioles.

— Maryse BIDEAULT

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