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TRINITÉ

Être chrétien, c'est croire au salut apporté par Jésus-Christ. Cet acte de foi s'est d'abord exprimé par des formules simples, comme « Jésus est le Christ » ou « Jésus est le Seigneur ». Un seul nom est alors cité, mais, si l'on développe la formule, on s'aperçoit que sa structure est trinitaire : le croyant sait que le salut, apporté par Jésus, vient de Dieu, et que cette œuvre de sanctification se continue sous l'action du Saint-Esprit. Dès lors que ces trois sont considérés comme trois personnes divines, en raison de l'œuvre divine qu'ils opèrent ensemble, une question ne peut être éludée : comment concilier cette multiplicité avec le monothéisme que les chrétiens ont hérité de l'Ancien Testament et confessé parfois au prix de leur sang ?

Le Nouveau Testament

Ce problème n'est pas posé explicitement dans le Nouveau Testament. On y trouve du moins une interrogation qui sera le point de départ des spéculations trinitaires : qui est Jésus ? Les Évangiles nous font entrevoir l'étonnement des foules devant cet homme doué d'une autorité et de pouvoirs surnaturels. « Et vous, qui dites-vous que je suis ? », demande Jésus à ses disciples. « Le Christ », répond Pierre (Marc, viii, 29). Bientôt la réponse ne sembla plus assez précise, et l'on ajouta : « Le Fils du Dieu vivant » (Matthieu, xvi, 16). L'expression «  Fils de Dieu » est prise ici dans un sens éminent, qui ne convient qu'à Jésus seul. Ce titre offre une clé pour penser les rapports du Christ et de Dieu : le Christ reçoit de Dieu non seulement l'être et la vie, mais toutes les œuvres qu'il accomplit et tous les mots qu'il prononce. Du fait qu'il reçoit, le Fils apparaît inférieur au Père, mais, dans la mesure où il reçoit tout, cette inégalité tend à disparaître : « Celui qui m'a vu, a vu le Père », déclare Jésus (Jean, xiv, 9).

Dans l'expérience humaine, les relations de paternité et de filiation sont liées à la temporalité. On se demanda quand avait commencé la filiation divine de Jésus. Était-ce au baptême, quand l'Esprit descendit sur lui ? Était-ce dès sa conception dans le sein de Marie ? Très vite, on a pensé que le Christ avait préexisté à sa vie terrestre. Paul reprend cette idée dans ses Épîtres, écrites entre 50 et 60 : le Christ est un être divin qui a consenti, pour l'amour des hommes, à devenir l'un d'entre eux, jusqu'à endurer une mort infamante avant de ressusciter et de retrouver la gloire qui lui appartenait (Philippiens, ii, 5-11).

Pour concilier l'idée d'une préexistence divine du Christ avec le monothéisme biblique, l'Évangile de Jean recourt à la notion de logos, de parole. Dieu a créé l'univers par sa Parole. Cette même Parole s'est adressée aux hommes par les prophètes, et, lorsque les temps sont venus, a pris chair en la Vierge Marie. Ici commence l'histoire terrestre de Jésus.

Elle finit à l'Ascension. Dix jours plus tard, l'Esprit est répandu sur les disciples. Les Actes des Apôtres, qui racontent les débuts de l'Église, et les Épîtres de Paul, qui en sont le premier témoignage, se réfèrent sans cesse à cette présence de l'Esprit. C'est un Esprit de prophétie et de guérison. Il assure l'unité et la croissance de l'Église ; il rappelle les enseignements de Jésus et en donne l'intelligence. Mais sa personnalité est moins clairement définie : il apparaît tantôt comme un sujet personnel, tantôt comme une force émanée du Père ou de Jésus.

Le Nouveau Testament ne renferme ni le mot Trinité ni aucun terme équivalent, mais on y trouve des formules qui réunissent les noms de Dieu, du Fils et de l'Esprit. La plus nette termine la seconde Épître aux Corinthiens : « La grâce du Seigneur Jésus, la charité[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'Université libre de Bruxelles

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