TRISOMIE 21 ou SYNDROME DE DOWN ou MONGOLISME
La trisomie 21 (mot formé sur le grec tri-, « trois » et sôma, « corps », par extension « chromosomes »), ou syndrome de Down, est une anomalie chromosomique caractérisée par la présence de trois chromosomes 21 au lieu de deux normalement. Ce chromosome supplémentaire perturbe certains aspects du développement fœtal et celui des fonctions cognitives. La fréquence de la trisomie 21 est d'environ un cas pour 770 naissances vivantes. Ce chiffre élevé, associé à la lourdeur de la prise en charge de la personne atteinte, a poussé à mettre au point un diagnostic prénatal fondé sur le prélèvement, en général par amniocentèse, de cellules fœtales et leur étude. Cette approche, classique et efficace, n’est cependant pas totalement inoffensive. Une nouvelle technique, à partir d’une simple prise de sang, fondée sur le dosage de l’ADN fœtal circulant dans le sang maternel, a été mise au point, ce qui constitue une véritable révolution dans le domaine du diagnostic prénatal des anomalies chromosomiques.
Responsabilité d’un chromosome 21 surnuméraire
Le médecin britannique John Langdon-Down (1828-1896) publie en 1866, dans son ouvrage intitulé Observations on a EthnicClassification of Idiots, la descriptiond’un syndrome nouveau (bien qu’entrevu par Jean-Étienne Esquirol) chez des enfants souffrant simultanément d’un retard mental et de signes physiques particuliers. Pour Langdon-Down, l’aspect du visage de ces enfants évoque la « race mongoloïde » selon les critères ethnomorphologiques de l’époque, d’où le nom de « mongolisme » (tombé en désuétude) donné à ce syndrome par ailleurs connu sous le nom de syndrome de Down. Les personnes porteuses de trois chromosomes 21 présentent en effet un visage plus ou moins rond et des fentes des paupières obliques vers le haut et l’extérieur qui donnent à leur visage cette apparence singulière qui avait retenu l’attention de Langdon-Down. Les autres signes physiques présentés par ces sujets ne sont ni constants ni de même importance chez tous. Ainsi en est-il des anomalies de la bouche, du palais et de la langue, de l’hypotonie musculaire, des malformations cardiaques et rénales, des anomalies des plis palmaires et plantaires, des doigts ainsi que de la taille et de la stature en général. Outre leur apparence, ces sujets présentent toujours un retard mental, d’importance très variable. La déficience intellectuelle est le plus souvent modérée, mais peut être parfois sévère. Le quotient intellectuel (QI) moyen au sein de ce groupe de personnes est de l’ordre de 50 (une intelligence moyenne correspondant à un QI de 90 à 110), encore que cette mesure soit contestable du fait de l’inadaptation des tests aux spécificités de la trisomie 21. La plupart des sujets parviennent à un bon degré d’autonomie et d’intégration sociale, apprennent souvent à lire et écrire et à travailler en environnement protégé.
On doit à Marthe Gautier, plus qu’à Jérôme Lejeune qui en est le plus souvent crédité, d’avoir montré en 1959 que les personnes présentant un syndrome de Down possèdent une formule chromosomique anormale, avec un chromosome 21 supplémentaire (en plus des vingt-trois paires de chromosomes présentes normalement). Leur formule chromosomique est donc : 47, 21+. Dans plus de 93 p. 100 des cas, le chromosome 21 surnuméraire est libre, c’est-à-dire non lié à un autre chromosome. On parle alors de trisomie 21 libre. Dans d’autres cas (4 p. 100), le chromosome supplémentaire (ou une partie) est attaché (transloqué) soit à l’un des deux autres chromosomes 21, soit à un autre chromosome. Enfin, dans le reste des cas, la trisomie est dite mosaïque, certaines cellules ayant trois chromosomes 21 et d’autres deux.
La trisomie 21 est la plus fréquente des anomalies chromosomiques chez l’homme parmi les naissances vivantes. Elle est congénitale[...]
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
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