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TRISOMIE 21 ou SYNDROME DE DOWN ou MONGOLISME

Révolution génomique dans la trisomie 21 : le dépistage prénatal non invasif

Arbre de décision pour le diagnostic de la trisomie 21 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Arbre de décision pour le diagnostic de la trisomie 21

Le problème majeur est que, selon la HAS en 2014, parmi 18 600 amniocentèses réalisées après une appréciation des risques de trisomie supérieure à 1 pour 250, la trisomie 21 n’avait été retrouvée que dans 760 cas, soit environ 4 p. 100 des amniocentèses. Ainsi, 95 p. 100 des amniocentèses pourraient être évitées si on disposait d’un test non invasif capable de fournir des conclusions à valeur réellement diagnostique.

C’est précisément ce que permet le dosage de l’ADN de chromosome 21 circulant dans le sang maternel. Cette approche quantitative, dite de dépistage prénatal non invasif (DPNI), permet de réduire considérablement le nombre d’amniocentèses dans la population auparavant définie comme à risque élevé par les autres examens non invasifs (marqueurs sériques et échographie). Cette technique, dont les balbutiements remontent à 1997, repose pour l’essentiel sur des techniques de séquençage à haut débit des fragments d’ADN qui circulent dans le sang maternel, techniques dont le coût s’est effondré. D’autres méthodes reposent sur l’usage de puces à ADN. Ces différentes méthodes ont été comparées et donnent des résultats équivalents. L’ADN libre dans le sang provient des cellules maternelles et des cellules trophoblastiques fœtales qui se lysent spontanément et libèrent leur ADN. On prélève donc du sang maternel, seule intervention physique dans ce test. L’ADN double brin total circulant dans le sang maternel est isolé, fragmenté et les fragments sont séquencés au hasard (shotgun), ce qui produit un très grand nombre de courtes séquences d’ADN. L’analyse quantitative bio-informatique de ces séquences permet de trier ces dernières et de les affecter à tel ou tel chromosome, et ainsi de mesurer avec précision un éventuel excès de séquences d’ADN issues des chromosomes 21. La mesure d’une surreprésentation d’ADN du chromosome 21 décelée par ces techniques a été corrélée au diagnostic de trisomie 21 posé par caryotypage : la fiabilité du test ADN est supérieure à 99 p. 100, le taux de faux négatifs étant inférieur à 1 p. 100. Ce test possède d’autres avantages : il peut être réalisé à partir de la dixième semaine d’aménorrhée dès que la quantité d’ADN fœtal atteint au moins 4 p. 100 de l’ADN total circulant dans le sang maternel. De plus, ce test est rapide, avec un résultat obtenu en quelques jours. Enfin, il peut être étendu au diagnostic d’autres trisomies comme celles du chromosome 13 (syndrome de Patau) et 18 (syndrome d’Edwards) et aux anomalies du nombre de chromosomes sexuels X et Y (syndromes de Klinefelter, de Turner, triplo X) avec des résultats presque aussi fiables que pour la trisomie 21. Enfin, il est inoffensif pour la mère comme pour le fœtus, étant réalisé à partir d’une simple prise de sang maternel.

En l’état actuel de la technique et de la législation, ces tests ADN ne peuvent pas être substitués à l’amniocentèse. Ils visent seulement à diminuer le nombre des interventions invasives en ne les pratiquant que dans des situations de forte suspicion d’anomalie chromosomique. De fait, dans les pays où ce test est très utilisé (Belgique et Royaume-Uni par exemple), les données publiées montrent que l’on peut éviter jusqu’à 95 p. 100 des amniocentèses. Le test ADN permet, en outre, d’examiner un plus grand nombre de grossesses à risque. Il reste encore à faire avant de simplifier – si la législation évolue – la procédure de diagnostic de la trisomie 21, en ne se basant que sur le dosage d’ADN circulant dans le sang maternel. En effet, une étude statistique menée par la Cochrane Database en 2017, utilisant les données publiées dans une soixantaine d’articles parus entre 2007 et 2016, montre que les résultats des tests ADN doivent encore être validés par des études[...]

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

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Médias

John Langdon-Down (1828-1896) - crédits : SPL/ AKG-images

John Langdon-Down (1828-1896)

Groupe historique de patients atteints du syndrome de Down - crédits : G. E. Shuttleworth / Wellcome collection (CC BY)

Groupe historique de patients atteints du syndrome de Down

Frère et sœur  trisomiques 21 - crédits : manonallard/E+/Getty Images

Frère et sœur trisomiques 21

Autres références

  • CARYOTYPE HUMAIN

    • Écrit par , , et
    • 4 792 mots
    • 10 médias
    En 1959, Lejeune, Gautier et Turpin, décrivant la première observation chromosomique en pathologie humaine, rapportent le « mongolisme » ou « syndrome de Down » à la présence d'un chromosome 21 en triple exemplaire dans les cellules des patients.
  • DERMATOGLYPHES PALMAIRES

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    • 916 mots

    Les figures dessinées par les crêtes dermo-épidermiques de la face palmaire de la main et des doigts et de la face plantaire du pied et des orteils, sont appelées dermatoglyphes (du grec derma, -tos, peau, et gluphê, gravure). Ils n'existent nulle part ailleurs. Aux doigts, ils sont synonymes...

  • HÉRÉDITÉ

    • Écrit par , , et
    • 11 231 mots
    • 7 médias
    À partir de 1959, la découverte de la trisomie 21, puis la mise en évidence de translocations réciproques équilibrées permirent de prévoir et de calculer le risque d'enfants anormaux dans la descendance de couples où l'un des conjoints était porteur de ce type de remaniement chromosomique invisible dans...
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    • 3 médias
    ...clinique a été attribué à Yuk Ming Dennis Lo, de l’université chinoise de Hong Kong, pour la mise au point d’une méthode de diagnostic non invasive du syndrome de Down (trisomie 21). Le syndrome de Down est dû à la présence de trois chromosomes 21 au lieu de deux normalement. L’affirmation qu’un fœtus...