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TRISTAN ET ISOLDE (R. Wagner)

Kirsten Flagstad - crédits : Paul Dorsey/ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

Kirsten Flagstad

Tristan und Isolde (Tristan et Isolde), « action musicale » en trois actes de Richard Wagner, sur un livret du compositeur d'après plusieurs sources médiévales (au premier rang desquelles le poème inachevé de Gottfried de Strasbourg), a été composé entre 1857 et 1859 et créé le 10 juin 1865 au Königliches Hof- und Nationaltheater de Munich grâce à l'intervention de Louis II de Bavière, sous la direction de Hans von Bülow, avec Ludwig Schnorr von Carolsfeld (Tristan), Malvina Schnorr von Carosfeld (Isolde), Ludwig Zottmayer (le roi Marke), Anna Possart-Deinet (Brangäne), Anton Mitterwurzer (Kurwenal) et Karl Samuel Heinrich (Melot) dans les rôles principaux. Les premières représentations en France – et en français – ont lieu au théâtre du Grand Cercle à Aix-les-Bains, en 1897, sous la direction de Léon Jehin, et au Nouveau Théâtre de Paris, en 1899, sous la direction de Charles Lamoureux.

En 1854, Wagner interrompt momentanément le vaste projet de la tétralogie Der Ring des Nibelungen(L'Anneau du Nibelung) pour se consacrer à cette œuvre. À son origine, trois éléments déclencheurs, dont il est difficile d'apprécier la part exacte dans le processus de création : la lecture de l'œuvre maîtresse de Schopenhauer Le Monde comme volonté et comme représentation, la stimulation et la rivalité artistiques engendrées par le projet jumeau de son ami Karl Ritter et, enfin, la passion pour Mathilde Wesendonck, épouse d'un de ses riches mécènes. Mais la référence à la biographie ne saurait à elle seule expliquer ce qui fait l'essence de ce chef-d'œuvre du romantisme musical. Selon Nietzsche, Tristan et Isolde, qui chante la dissolution de l'individualité dans le grand tout de la nuit cosmique, constitue l'« opus metaphysicum » par excellence. Wagner y a réduit les péripéties de la légende médiévale à l'essentiel, une action avant tout intérieure dans laquelle le philtre d'amour n'est plus un agent miraculeux mais le simple révélateur de la vérité des sentiments que le code courtois proscrit. L'œuvre, la plus radicalement neuve de toute la production wagnérienne, aussi bien sur le plan de la dramaturgie – abandon de la plupart des conventions de l'opéra traditionnel – que de la composition – fluidité absolue des leitmotive, langage chromatique extrêmement élaboré – devient un vaste poème symphonique dans lequel l'orchestre constitue la formidable chambre de résonance, voire l'instigateur des passions qui agitent les personnages. En raison de son ambiguïté tonale mais aussi de sa grande valeur expressive, le fameux « accord de Tristan », sur lequel s'ouvre le prélude du premier acte, est considéré comme un des principaux moments inauguraux de la modernité musicale.

Argument

L'action se déroule dans une époque légendaire.

Acte I. Tristan, neveu du roi Marke, a demandé pour celui-ci la main d'Isolde, princesse d'Irlande, afin que leur union scellât la réconciliation entre les royaumes de Cornouailles et d'Irlande. Tandis que le navire de Tristan les ramène tous les deux auprès du roi Marke, la suivante d'Isolde, Brangäne (mezzo-soprano), constate que sa maîtresse ne semble pas partager la joie de l'équipage. Isolde laisse éclater sa colère (« Erwache mir wieder, kühne Gewalt » : « Réveille-toi pour moi, audacieuse violence ») et demande à avoir une entrevue avec Tristan. Brangäne, partie quelques instants plus tôt en délégation, a été vertement rabrouée (« Das sage sie der Frau Isold' ! » : « Qu'elle dise ça à Dame Isolde ! ») par Kurwenal (baryton), écuyer de Tristan (ténor). Isolde (soprano) lui révèle alors le terrible secret qui la lie à Tristan (« Erfuhrest du meine Schmach, nun höre, was sie mir schuf » : « Puisque tu as éprouvé ma honte, sache maintenant, ce qui l'a engendrée ») : lors des luttes qui ont opposé Cornouailles et Irlande,[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure et de Sciences Po Paris, assistant à l'université Marc Bloch (Strasbourg), critique musical

Classification

Média

Kirsten Flagstad - crédits : Paul Dorsey/ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

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