MURAIL TRISTAN (1947- )
Protagoniste, avec Gérard Grisey et Michaël Lévinas, de ce qu'il est convenu d'appeler l'école spectrale, le compositeur français Tristan Murail est un infatigable explorateur de la vie et de la structure intérieure des sons.
Xenakis, Ligeti, Messiaen, Scelsi
Tristan Murail, né le 11 mars 1947 au Havre, ne décide de se consacrer à la composition qu'après avoir suivi des études d'économie, d'arabe et de sciences politiques. En 1967, il entre au Conservatoire national supérieur de Paris, où il devient l'élève d'Olivier Messiaen. Ayant obtenu un premier prix de composition en 1971, il est reçu, la même année, pensionnaire à la villa Médicis, à Rome. En 1973, son séjour terminé, il rentre à Paris et participe à la fondation de l'Itinéraire, association réunissant de jeunes solistes et une partie de la génération des compositeurs français de l'après-guerre se proposant de créer, de diffuser et d'innover dans le domaine de la musique instrumentale électronique grâce notamment au Collectif de recherche instrumentale et de synthèse sonore, qui sera fondé, lui, en 1977.
Ses premières influences (Xenakis, Ligeti) datent de ses années d'apprentissage avec Messiaen. Les masses sonores ligétiennes, statiques, évoluant lentement grâce à une technique « micropolyphonique », vont exercer sur Murail une résonance dans la constitution de son style. Altitude 8 000, pour petit orchestre (1970), reflète dans une certaine mesure cette influence de Ligeti. Mais, dans ces pages à l'harmonie non fonctionnelle, Murail réintroduit des consonances (telles que les octaves et les accords parfaits).
De son séjour à Rome date en outre sa rencontre avec Giacinto Scelsi. Le travail de ce compositeur sur le son (fluctuation mélodique et transformations graduelles des sons fondées sur un emploi particulier des quarts de ton) ainsi que sa technique de synthèse sonore (procédant par agglomération de timbres) agissent comme autant de révélateurs de l'identité musicale propre à Murail.
Mais ni Lovecraft, pour bande magnétique (1972), ni Au-delà du mur du son, pour grand orchestre (1972), ni L'Attente, pour sept instruments (1972), ni Les Nuages de Magellan, pour deux ondes Martenot, guitare électrique et percussions (1973), ni même Cosmos privé, pour grand orchestre (1973), ou La Dérive des continents, pour alto solo et douze cordes (1973), ne parviennent à l'affirmation d'un langage véritablement personnel.
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Écrit par
- Alain FÉRON : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio
Classification
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