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TRITHEIM JOHANNES HEIDENBERG dit JOHANNES (1462-1516)

Bénédictin humaniste, Johannes Heidenberg, né à Trittenheim et connu sous le nom de Trithème (Trithemius), réforma le couvent de Spanheim (diocèse de Mayence), dont il fut l'abbé de 1483 à 1506 et qu'une cabale de moines l'obligea à quitter pour l'abbaye de Saint-Jacques à Würzburg. La bibliothèque du couvent, qu'il avait enrichie, et sa culture lui attirèrent d'illustres visiteurs : J. Reuchlin, H. C. Agrippa, Charles de Bouelles, l'évêque mécène de Worms, J. von Dalberg, J. Wimpheling, R. Agricola, K. Celtis. Sa correspondance, d'ailleurs, complète pour l'histoire du temps son Catalogus illustrium virorum Germaniae (Catalogue des hommes illustres d'Allemagne).

La plupart de ses travaux — qui sont importants pour l'histoire en général, pour celle de l'ordre bénédictin, pour celle de la spiritualité, de l'hagiographie et de la théologie — furent publiés après sa mort. Les plus célèbres sont les Annales Hirsaugienses et le Chronicon Spanheimense. Mais une partie de l'œuvre de ce spirituel, auteur d'un De vera conversione mentis ad Deum (De la vraie conversion de l'esprit à Dieu), a prêté à contestation. Trithème, dont se réclama H. C. Agrippa, fut en effet dénoncé comme étant un magicien par Charles de Bouelles, qui avait parcouru son manuscrit de la Steganographia, ouvrage dont le secret avait été révélé à l'auteur dans un songe. Trithème, qui avait publié en 1515 son De septem secundeis, id est intelligentiis sive spiritibus orbes post Deum moventibus (Des sept causes secondes, c'est-à-dire des intelligences ou des esprits qui, après Dieu, meuvent le monde), n'acheva pas sa Steganographia dont le manuscrit, avec ceux de bien d'autres œuvres de cet humaniste, fut alors assez répandu. Si bien des auteurs, dont A. Kircher, ont montré que la Polygraphia n'était qu'un traité d'écriture secrète, l'étude des manuscrits magiques de l'ermite Pelagius et de son disciple Libanius Gallus (dont Trithème hérita et que connurent aussi bien Agrippa de Nettesheim que Jean Pic de la Mirandole, auteur du De rerum praenotione) a confirmé la remarque d'un des éditeurs des œuvres de Trithème, le jésuite Joannes Busaeus (Buys, 1547-1611), qui supprima les passages les plus superstitieux du traité composé par celui-ci contre les sorciers, Antipalus maleficiorum. Et c'est avec des lettres de Trithème qui n'avaient pas été publiées dans les Epistolae familiares (1536) que Jacques Gohory (1520-1576), étudiant un Paracelse élève du bénédictin, montra la conception spirituelle que ce dernier avait eue de l'alchimie.

— François SECRET

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (sciences religieuses)

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