TROIS CONTES, Gustave Flaubert Fiche de lecture
Trois Contes est le dernier livre de Gustave Flaubert (1821-1880) publié de son vivant. En septembre 1875, celui-ci, interrompant la rédaction difficile de Bouvard et Pécuchet, reprend un projet très ancien, l’histoire de saint Julien l’Hospitalier. Il achève cette « petite bêtise moyenâgeuse » en février 1876, et décide d’y adjoindre deux autres nouvelles pour constituer un volume publiable : ce seront Un cœur simple, récit de la vie d’une humble servante dans la France provinciale contemporaine, écrit entre mars et août 1876, puis Hérodias, transcription de l’épisode biblique qui relate la décollation de saint Jean-Baptiste, commencée en octobre 1876 et terminée en février 1877.
Les trois récits paraissent d’abord séparément dans Le Moniteur universel et Le Bien public, puis, peu après, le 24 avril 1877, en volume chez l’éditeur Charpentier, réagencés dans un ordre antéchronologique (xixe siècle, Moyen Âge, Antiquité). Si le livre connaît un certain succès public, l’accueil critique est plus partagé : les uns le considèrent comme une œuvre mineure de l’auteur, les autres, se fondant sur l'arrière-plan religieux, applaudissent à son « rachat » après le « scandale » de Madame Bovary. Depuis, la postérité a eu tendance à voir dans Trois Contes une œuvre testamentaire ‒ ce qu’elle n’était nullement à l’origine ‒ et comme un condensé de l’art de Flaubert.
« Avoir à l'automne un petit volume... »
Un cœur simple. Orpheline très jeune, Félicité vit une enfance misérable comme fille de ferme. Devenue adulte, elle rencontre un jeune homme qui se dit prêt à l'épouser avant de se marier avec une femme riche pour échapper à la conscription. Désespérée, Félicité se rend alors à Pont-l’Évêque où elle entre comme cuisinière au service de madame Aubain, une bourgeoise veuve, et s'attache très vite à ses deux enfants, Paul et Virginie. Lorsque Paul part au collège à Caen et Virginie en pension chez les Ursulines, Félicité reporte son amour sur son neveu Victor. Mais celui-ci s'engage dans un voyage au long cours, et Félicité apprend bientôt la nouvelle de son décès de la fièvre jaune. Quant à Virginie, de constitution fragile, elle tombe malade et meurt à son tour. Un jour, madame Aubain reçoit en cadeau un perroquet, surnommé Loulou. Ne sachant qu’en faire, elle le donne à sa servante, qui se prend d’affection pour l’animal. Mais Loulou meurt, au grand chagrin de Félicité, qui le fait empailler. Devenue sourde, enfermée en elle-même, elle commence à associer le perroquet à une représentation du Saint-Esprit vue à l'église. À la mort de madame Aubain, Félicité continue d'habiter la maison qui tombe en ruines et dont personne ne veut. Une pneumonie finit par l'emporter. Dans son agonie, elle croit voir « dans les cieux entrouverts, un perroquet gigantesque planant au-dessus de sa tête ».
La Légende de saint Julien l'Hospitalier. Élevé dans le château de ses parents, un jeune homme, dont, à sa naissance, on a prédit à sa mère qu'il deviendrait un empereur et un saint, se découvre à la chasse un plaisir irrépressible à tuer des animaux. Cette pulsion morbide va s'accentuant jusqu'au jour où un cerf le maudit et lui annonce qu'il assassinera ses parents. Peu après, croyant avoir accidentellement tué sa mère, il s'enfuit du château. Il mène alors une vie d'aventurier, parcourt le monde et devient un redoutable combattant. Pour le remercier de l'avoir aidé à vaincre les Musulmans, l'empereur d'Occitanie lui offre sa fille en récompense. Un jour, en l'absence de Julien, ses parents, devenus vieux et misérables, se présentent à son épouse. Celle-ci leur offre l'hospitalité et les couche dans son propre lit. À son retour, Julien pénètre dans la chambre et devine, dans l'obscurité, la présence d'un[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Guy BELZANE : professeur agrégé de lettres
Classification
Autres références
-
FLAUBERT GUSTAVE (1821-1880)
- Écrit par Pierre-Marc de BIASI
- 9 824 mots
- 1 média
...quelques semaines en compagnie de son ami le naturaliste Pouchet. Il annonce qu'il vient sans plume ni papier, mais, huit jours plus tard, il a commencé La Légende de saint Julien l'Hospitalier, qui, comme La Tentation, est un très vieux projet déjà travaillé en 1856, mais qui remonte au moins à... -
MANUSCRITS - La critique génétique
- Écrit par Pierre-Marc de BIASI
- 13 229 mots
Ainsi, pour lesTrois Contesde Flaubert – dont les brouillons étaient disponibles depuis longtemps –, le classement et la transcription intégrale des manuscrits ont, récemment, permis de réviser du tout au tout l'avis traditionnel des spécialistes. En 1957 (Trois Contes, édités par R....