- 1. Le national-socialisme et la conquête du pouvoir
- 2. Mise en place et consolidation du nouveau régime (1933-1936)
- 3. Réarmement et système d'alliances
- 4. Vers la guerre
- 5. Des victoires éclairs à l'effondrement
- 6. Le système concentrationnaire et l'antisémitisme
- 7. Les résistances
- 8. Jugements et problématique
- 9. Bibliographie
TROISIÈME REICH (1933-1945)
On entend par IIIe Reich la période de l'histoire de l' Allemagne qui s'étend du 30 janvier 1933 au 8 mai 1945. L'expression elle-même, adoptée et imposée par les nationaux-socialistes, reprend le titre d'un ouvrage d'Arthur Moeller van den Bruck : Das Dritte Reich, paru en 1923. Pour cet auteur, le Ier Reich était le Saint Empire romain germanique, le IIe Reich, celui de Bismarck et de Guillaume II (1871-1918), le troisième devant se substituer à la république de Weimar dont il espérait la fin prochaine. Pour les historiens, le IIIe Reich est synonyme de régime hitlérien, ou régime national-socialiste.
Le national-socialisme et la conquête du pouvoir
Le Parti national-socialiste (en allemand : Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, littéralement, Parti ouvrier allemand national-socialiste ; abréviation : N.S.D.A.P.), ou Parti nazi, n'a pu s'emparer du pouvoir que parce qu'il avait réussi à devenir un parti de masse, flanqué d'organisations paramilitaires puissantes, telles les sections d'assaut (Sturm-Abteilungen, ou S.A.) qui ont essayé et réussi en partie à s'imposer par la terreur (massacre des militants ouvriers). Longtemps, ce parti, fondé au lendemain de la Première Guerre mondiale, ne dépassa guère les dimensions d'un petit parti qui, aux élections de 1928, recueillit moins de 3 p. 100 du total des suffrages. Avec la crise économique qui frappa si durement l'Allemagne en 1929, il s'enfla et remporta ses premières grandes victoires.
Ces succès sont moins dus à un programme original et précis (les vingt-cinq points du programme initial, d'ailleurs fort vagues, seront modifiés ou tout simplement oubliés avant et surtout après la prise du pouvoir) qu'à un certain nombre d'idées-forces inculquées inlassablement aux masses par une propagande habile et simplificatrice. Les nationaux-socialistes promettent aux classes moyennes ruinées par l'inflation et aux millions de chômeurs des changements radicaux. Pour ne donner qu'un exemple : le programme prévoit « la municipalisation des grands magasins » et « pour un loyer modique leur mise à la disposition des petits commerçants », auxquels « l'État et les municipalités sont tenus de faire appel pour toutes les commandes qu'ils passent ». Les nazis se disent socialistes, insistent, sans préciser en quoi il consiste exactement, sur leur anticapitalisme, se proclament antimarxistes, mais ils réussissent à obtenir le soutien financier de puissants groupes industriels – qu'ils rassurent sur leurs intentions réelles –, nouent alliance avec la droite classique (front de Harzburg, oct. 1931), dont ils absorbent par ailleurs une grande partie de l'électorat (celle-ci ne recueille en juillet 1932 que 8 p. 100 du total des suffrages).
Surtout ils mettent l'accent sur leur nationalisme. Ils veulent libérer l'Allemagne des contraintes imposées par le traité de Versailles et promettent aux Allemands un avenir de grandeur et de prospérité. Dans Mein Kampf, Hitler annonce aux Allemands « une paix [...] garantie par l'épée victorieuse d'un peuple de maîtres qui mettra le monde entier au service d'une civilisation supérieure ». En même temps, les nationaux-socialistes choisissent des « ennemis » auxquels ils attribuent la responsabilité de tous les maux dont souffre le pays : les juifs, les marxistes, le « système » (c'est-à-dire la république de Weimar). Hitler explique qu'il faut toujours désigner « un ennemi visible ».
Le national-socialisme semble avoir atteint son apogée aux élections générales de juillet 1932. Le parti obtient alors 37,3 p. 100 de suffrages (soit 13,7 millions), mais quatre mois plus tard, aux élections du 6 novembre, le N.S.D.A.P. perd 2 millions d'électeurs (11,7 millions, soit 33,1 p. 100), alors que les communistes,[...]
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Écrit par
- Gilbert BADIA : chargé d'enseignement à l'université de Paris-VIII
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