- 1. Le national-socialisme et la conquête du pouvoir
- 2. Mise en place et consolidation du nouveau régime (1933-1936)
- 3. Réarmement et système d'alliances
- 4. Vers la guerre
- 5. Des victoires éclairs à l'effondrement
- 6. Le système concentrationnaire et l'antisémitisme
- 7. Les résistances
- 8. Jugements et problématique
- 9. Bibliographie
TROISIÈME REICH (1933-1945)
Mise en place et consolidation du nouveau régime (1933-1936)
Hitler semble donc avoir pris le pouvoir légalement. Le gouvernement qu'il forme aussitôt n'est nullement composé exclusivement de nationaux-socialistes. Au contraire. Y dominent les représentants de la droite classique. Von Papen est vice-chancelier, Alfred Hugenberg dirige l'Économie et l'Agriculture, Konstantin von Neurath est ministre des Affaires étrangères, le général Werner von Blomberg, ministre des Armées... Le N.S.D.A.P. n'a que trois représentants : outre Hitler, Wilhelm Frick, ministre de l'Intérieur, et Hermann Göring, ministre sans portefeuille et commissaire du Reich pour l'Aéronautique. En mars, Joseph Goebbels entre au gouvernement en qualité de ministre de la Propagande. Divisée sur les méthodes, l'équipe gouvernementale avait en commun l'hostilité à la République et au système parlementaire, la volonté d'éliminer les partis de gauche et les syndicats ouvriers afin de trouver plus facilement à la crise économique une solution qui ne mît pas en question le régime capitaliste mais assurât sa prédominance, le désir de refaire de l'Allemagne une grande puissance militaire susceptible d'imposer ses vues à ses partenaires.
Le gouvernement à peine constitué, le Reichstag fut dissous, et les élections fixées au 5 mars 1933, tandis que les sections d'assaut hitlériennes, avec l'appui des autorités, s'efforçaient de réduire au silence par la terreur les adversaires politiques.
À huit jours des élections, le palais du Reichstag fut incendié par des groupes nazis. Il est établi aujourd'hui que l'opération fut montée par la S.S. berlinoise sous la direction de Kurt Daluege qui fit appel à l'aide d'un commando des S.A., tenus en partie hors du secret. Prenant prétexte de l'événement, Hitler fit promulguer un décret qui suspendait en fait les garanties constitutionnelles. Dans la nuit, une gigantesque rafle permit d'arrêter des dizaines de milliers de communistes et d'antifascistes. Quelques jours plus tard, le leader communiste Ernst Thälmann était à son tour jeté en prison. Les premiers camps de concentration accueillaient les militants antinazis.
Malgré tout, les élections du 5 mars n'apportèrent pas à la coalition gouvernementale la victoire escomptée. Même la confiscation des 81 sièges communistes ne donnait pas au gouvernement la majorité des deux tiers dont il avait besoin pour modifier la Constitution. Après quelques jours de négociations, le Zentrum catholique accepta de voter les pleins pouvoirs (ou Ermächtigungsgesetz) qui, le 23 mars, mettaient fin au régime de Weimar.
Dès ce moment-là, les communistes allemands étaient réduits à l'illégalité. Syndicats et parti socialiste furent à leur tour interdits en mai et juin. En juillet, les autres partis acceptèrent de se dissoudre. Le 14 juillet, une loi faisait du Parti national-socialiste le parti unique du Reich.
Toutes ces mesures avaient pu être prises parce qu'elles avaient l'appui de la grande bourgeoisie (donc de la grande presse) et de l'armée. G. Krupp von Bohlen, président en exercice du Reichsverband der deutschen Industrie, écrit, en février 1933, à Hitler : « L'évolution politique coïncide avec les vœux que moi-même et le bureau [du plus puissant groupement industriel] avons formés depuis longtemps. »
Hitler, cependant, se présentait comme l'homme du retour aux traditions prussiennes, conservatrices, ce que symbolisait la cérémonie du 21 mars où l'on voit, dans la Garnisonskirche de Potsdam, Hitler s'incliner devant le président Hindenburg en grand uniforme de feld-maréchal, accompagné des représentants des autorités religieuses et militaires. Le 16 mars, le Völkischer Beobachter avait intitulé son éditorial : « Le christianisme : principe[...]
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Écrit par
- Gilbert BADIA : chargé d'enseignement à l'université de Paris-VIII
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Médias
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