Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TROISIÈME REICH (1933-1945)

Réarmement et système d'alliances

En politique extérieure, Hitler manifeste dans les premiers temps une grande prudence : il tend à rassurer ses voisins que les objectifs proclamés dans Mein Kampf avaient inquiétés. Il récolte d'abord les fruits de la politique de ses prédécesseurs : à l'avènement du IIIe Reich, le problème des réparations est réglé et l'égalité des droits reconnue à l'Allemagne (11 déc. 1932). Au système de sécurité collective sous l'égide de la Société des Nations le Reich oppose celui des pactes bilatéraux, dont le premier exemple est l'accord signé avec la Pologne, le 26 janvier 1934. En fait, par ce traité, comme par les liens noués avec la plupart des pays balkaniques, dont le Reich utilise les difficultés économiques pour les placer dans une situation de dépendance vis-à-vis de l'Allemagne, la diplomatie allemande s'emploie à faire éclater à l'Est le système d'alliances que la diplomatie française, sous l'impulsion de Louis Barthou, avait tenté d'instaurer ou de consolider. Refusant une nouvelle fois de négocier sur le problème du désarmement, Hitler rétablit, le 16 mars 1935, le service militaire obligatoire, décision qui consacre aux yeux de tous le réarmement allemand.

Il semble que jusqu'en 1936 les dirigeants nazis aient hésité sur les voies et les étapes de l'expansion extérieure. Un groupe de financiers et d'industriels qui avaient soutenu Hitler (Fritz Thyssen, Hjalmar Schacht) préconisait un accord provisoire avec les puissances occidentales, la formation d'un front commun contre l'Union soviétique. Le gouvernement anglais, de son côté, amorça un rapprochement avec le Reich et signa avec lui, le 18 juin 1935, un accord naval qui prévoyait, entre les deux pays, une parité en matière de sous-marins et la possibilité pour l'Allemagne de construire une respectable flotte de haute mer. Mais, dans le courant de 1936, la conception selon laquelle la guerre contre l'Union soviétique devait être précédée par la neutralisation des puissances occidentales semble l'avoir emporté. Ainsi s'expliquent les mesures autarciques décidées en 1936 (plan de quatre ans) : en prévision de la guerre de conquête qu'il prépare, le Reich s'efforce de se rendre économiquement indépendant en ce qui concerne les matières stratégiques principales.

Remilitarisation de la Rhénanie - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Remilitarisation de la Rhénanie

Par un coup de bluff qui réussit, Hitler décide, le 7 mars 1936, de réoccuper en Rhénanie la zone démilitarisée en application du traité de Versailles. L'absence de réaction des pays signataires du traité, et singulièrement de la France, l'ancre dans l'idée que les puissances occidentales ne s'opposeront pas à ses visées expansionnistes. Le IIIe Reich va d'autre part se rapprocher des autres puissances fascistes. Les relations avec l'Italie, d'abord froides, s'améliorent nettement en 1936 (pendant la guerre d'Éthiopie, l'Allemagne livre à l'Italie les matières premières dont celle-ci a besoin pour poursuivre son agression) ; à partir de juillet, les deux puissances soutiennent militairement et économiquement la rébellion franquiste, et l'Allemagne signe, le 25 novembre 1936, avec le Japon un accord baptisé Pacte anti-Komintern.

En 1936, on peut considérer qu'une première étape s'achève. Le IIIe Reich a montré qu'il ne tenait plus compte des limitations imposées par le traité de Versailles. Il a quitté la Société des Nations en octobre 1933, il a entrepris de reconstituer une armée puissante, la Wehrmacht, qui prend la place de l'ancienne Reichswehr, et va accélérer ses préparatifs militaires ; il a mis en place un système de pactes qui lui assure des appuis diplomatiques en Europe et hors d'Europe. Il s'est donné les moyens de la guerre de conquête, moyens qu'il utilisera dans une phase ultérieure.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chargé d'enseignement à l'université de Paris-VIII

Classification

Médias

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig - crédits : Encyclopædia Universalis France

1914 à 1939. De Sarajevo à Dantzig

Adolf Hitler au siège de son parti - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Adolf Hitler au siège de son parti

Incendie du Reichstag - crédits : Fox Photos/ Hulton Archive/ Getty Images

Incendie du Reichstag

Autres références

  • ACCESSION D'HITLER AU POUVOIR

    • Écrit par
    • 209 mots
    • 1 média

    Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler est nommé chancelier, dans la légalité républicaine définie par la Constitution de Weimar. À ce moment-là, son parti, le Parti ouvrier allemand national-socialiste (N.S.D.A.P.) ou Parti « nazi » qui veut tenter, après Mussolini, une synthèse du nationalisme...

  • ABETZ OTTO (1903-1958)

    • Écrit par
    • 332 mots

    Important dignitaire nazi, artisan dès avant 1933 d'une réconciliation franco-allemande en particulier avec Jean Luchaire et Fernand de Brinon, Otto Abetz eut pour rôle essentiel d'occuper, de 1940 à 1944, le poste d'ambassadeur d'Allemagne à Paris. Sa mission avait un double caractère qui dépassait...

  • ACCORDS DE MUNICH

    • Écrit par
    • 214 mots
    • 1 média

    Fidèle à son pangermanisme proclamé, Adolf Hitler réclame avec plus d'insistance que jamais, en septembre 1938, la cession au IIIe Reich du territoire tchécoslovaque sur lequel vit la minorité germanophone des Sudètes. L'Allemagne est prête à la guerre pour obtenir gain de cause. Le...

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne moderne et contemporaine

    • Écrit par et
    • 26 883 mots
    • 39 médias
    La défaite de 1918 marque non seulement Weimar, mais le IIIe Reich, qui est essentiellement une protestation contre les conditions imposées par les vainqueurs. S'il y a un sentiment qui puisse faire la quasi-unanimité des Allemands, c'est bien le refus du Diktat de Versailles, des clauses...
  • ANGLETERRE BATAILLE D' (1940)

    • Écrit par
    • 231 mots
    • 1 média

    Premier engagement purement aérien de l'histoire, la bataille d'Angleterre débute le 10 juillet 1940. Après la « bataille de la Manche », achevée le 7 août, la Luftwaffe lance le 13 août, « jour de l'Aigle », un plan d'attaque destiné à clouer au sol la chasse britannique puis à désorganiser l'économie...

  • Afficher les 139 références