TROPISMES VÉGÉTAUX
Autres tropismes
Le thigmotropisme ou haptotropisme est une courbure due au contact. Elle est caractéristique des vrilles, qui s'allongent sans subir l'influence de la pesanteur jusqu'à ce qu'elles rencontrent un rameau, une branche ou tout autre support ; au contact de ce support, elles se courbent autour de celui-ci jusqu'à ce qu'elles adhèrent fortement à lui. Quelquefois, leur courbure s'inverse à la partie inférieure. Apparemment, le mouvement ne résulte pas d'une distribution asymétrique de l'auxine dans la vrille comme dans le géotropisme, mais plutôt dans une différence de sensibilité des tissus à l'auxine, la partie en contact avec le support devenant moins sensible et par conséquent croissant moins vite que la partie extérieure. La simple immersion des vrilles de Marah (Cucurbitacée) dans une solution d'auxine peut induire un enroulement aussi rapide et aussi important que le fait n'importe quel contact. Le mouvement a aussi été associé à la libération de l'énergie des liaisons phosphate.
L'enroulement des tiges des plantes grimpantes comme Phaseolus et Ipomea semble dépendre davantage d'un mouvement de rotation exagéré, ou nutation, de l'extrémité de la pousse. Le phénomène de nutation est une oscillation continue de la tige en croissance, décrivant généralement des ellipses aplaties. Quand la tige entre en contact avec une structure solide, la nutation entraîne son enroulement, ce qui sans aucun doute implique le thigmotropisme. Les coléoptiles du blé, exempts d'enroulement, montrent des mouvements de nutation marqués et, bien que la nutation ne puisse naturellement se manifester que pendant l'élongation, elle n'a aucun lien direct avec la vitesse d'élongation ; la décapitation des plantules arrête la nutation sur-le-champ et, quoique l'élongation recommence rapidement, la nutation reste inhibée durant plusieurs heures.
L' hydrotropisme n'est observé que sur les racines, principalement lorsqu'elles poussent contre une surface humide, par exemple un papier mouillé ou de la mousse. Si la surface s'incurve et s'éloigne de la verticale, la racine suivra souvent cette trajectoire, attirée en quelque sorte par l'eau. Dans certains cas, l'hydrotropisme peut dominer la tendance géotropique. Le mécanisme reste inconnu.
Dans L' électrotropisme, des racines placées à l'air entre deux pôles de charges opposées se courbent vers le pôle négatif, la tige correspondante vers le pôle positif. Dans l'eau, on enregistre le même comportement, mais, pour une intensité élevée (ou après un certain temps), la courbure des racines a tendance à s'inverser. Comme dans le cas de nutation, la décapitation arrête l'électrotropisme, même si, surtout dans les racines, la vitesse de croissance ne s'abaisse pas beaucoup. On a proposé d'expliquer ces courbures par une migration électrophorétique des ions de l'auxine à travers les tissus, mais cela n'a pas été prouvé. Certaines observations, tant dans le géotropisme que dans le phototropisme, ont permis de mettre en évidence une légère différence de potentiel entre les faces supérieure et inférieure, ou éclairée et sombre. Il est un fait que l'application d'auxine sur un côté d'un organe en voie de croissance donne aussi naissance à une petite différence de potentiel, mais on ne sait pas quel en est l'effet et quelle en est la cause.
Enfin, on utilisait jadis le terme de traumatotropisme pour désigner une flexion vers une partie blessée. Cette flexion résulte en grande partie de la destruction de l'auxine par des enzymes libérées sur la surface endommagée, associée à une inhibition du transport normal de l'auxine.
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Écrit par
- K. V. THIMANN
: professeur à l'université de Californie, Santa Cruz,
Higgins professor emeritus , Harvard University
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