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TROUBADOURS ET TROUVÈRES

Les trouvères

Adapté en français dès 1160-1170 (en même temps qu'en allemand dans les pays rhénans), le grand chant courtois connut au nord de la Loire, aux xiie, xiiie et xive siècles, un éclat et une vigueur qui allaient marquer profondément toute littérature, et même tout discours social, jusqu'au seuil de l'époque moderne. Des 200 trouvères connus de nom, nous sont restées 2 000 chansons et 1 500 mélodies. Dès 1190-1210, une pléiade de trouvères de grand talent (Gace Brulé, Blondel de Nesle, Conon de Béthune...) avaient donné aux modèles poétiques reçus des Occitans (et assez rigoureusement respectés) des connotations particulières : leur chant est à la fois plus limpide (pas de trobar clus) et plus épuré, plus éloigné de toute narration ; les chansons à thème religieux, spécialement marial (impliquant un déplacement de l'image de Dame) deviennent assez nombreuses à partir de 1230. Simultanément, le grand chant courtois s'implante en milieu non aristocratique, parmi la bourgeoisie riche des prospères villes du Nord, comme Arras, qui fut jusque vers 1300 un centre actif de cet art. À la fin du xiiie siècle, la tradition commence à s'infléchir : la personnalité du poète tend à s'imposer dans son discours, son moi se fait jour à travers les motifs stéréotypés : de Guillaume de Machaut à Charles d'Orléans, il faudra un siècle pour que ce mouvement aboutisse. Mais, dès le xive siècle, le mot de trouvère est sorti d'usage.

— Paul ZUMTHOR

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Écrit par

  • : ancien professeur aux universités d'Amsterdam, de Paris-VII, de Montréal

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