TROUBLE DÉFICIT DE L'ATTENTION AVEC OU SANS HYPERACTIVITÉ (TDAH)
Le trouble déficit de l’attention-hyperactivité (TDAH), ou attention deficit/hyperactivity disorder (ADHD) en anglais, est défini dans la 5e édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5, 2013) de l’Association américaine de psychiatrie (APA) comme étant un mode persistant d’inattention et d’hyperactivité-impulsivité excessif pour l’âge développemental de la personne concernée et qui interfère nettement avec son fonctionnement scolaire ou professionnel et social. Le spectre du TDAH inclut également des troubles essentiellement d’inattention sans hyperactivité, observés plus souvent chez les femmes, parfois simplement appelés trouble déficit de l’attention (TDA), ou attention deficit disorder en anglais.
Rappel historique
Le fait que des personnes soient par nature inattentives et impulsives est décrit depuis longtemps dans la littérature. Ainsi, en 1600, Shakespeare faisait dire au personnage de Falstaff dans Henry IV (partie 2, acte I, scène 2) « it is the disease of not listening, the malady of not marking, that I am troubled withal » (« c’est le mal de ne pas écouter, la maladie de ne pas prêter attention dont je suis atteint »).
La première description médicale attestée du déficit de l’attention est attribuée à l’Allemand Melchior Adam Weikard (1742–1803) dans son ouvrage Der philosophische Arzt (1775) où il emploie l’expression latine attentio volubilis pour décrire une attention changeante et littéralement en mouvement perpétuel. Weikard donne aux éducateurs de son temps des recommandations qui restent encore aujourd’hui le fondement des aménagements pour le TDAH, comme rendre les cours vivants et stimulants, réduire les sources de distraction dans l’environnement ou ne pas présenter des tâches multiples aux élèves. En 1845, Heinrich Hoffmann (1809–1894), un autre médecin allemand, publie Der Struwwelpeter (Pierrot l’ébouriffé), un livre pédagogique illustré et en vers, traduit dans de nombreuses langues et souvent réimprimé. Il y décrit notamment les trois symptômes fondamentaux du TDAH : l’hyperactivité, l’inattention et l’impulsivité. Les illustrations de cet ouvrage représentant entre autres les conséquences néfastes des moments de distraction avec Jeannot-tête-en-l’air (Hans Guck-in-die-Luft) et d’agitation avec Philippe-le-gigoteur (Zappelphilipp) sont restées célèbres.
Le TDAH a longtemps été considéré comme une affection propre à l’enfant, se manifestant par une agitation excessive. Le DSM-II (2e édition de la classification de l’APA, 1968) comporte ainsi une catégorie diagnostique intitulée « réaction hyperkinétique de l’enfance ou de l’adolescence », formulation qui suggère que l’hyperactivité résulte de facteurs éducatifs ou psychologiques. La triade symptomatique – inattention, impulsivité, hyperactivité – qui est le fondement du diagnostic clinique actuel du TDAH a été introduite en 1980 avec le DSM-III. Depuis, de plus en plus de praticiens diagnostiquent ce trouble également chez les adultes et, au sein du DSM-5, le TDAH est défini comme un trouble qui peut s’exprimer, avec des variations symptomatiques, durant toute la vie de la personne.
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Écrit par
- Marc-Antoine CROCQ : médecin psychiatre, praticien hospitalier
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