TROUBLES ADDICTIFS (ALCOOLISME, TABAGISME ET TOXICOMANIE)
Épidémiologie et spécificités cliniques
Dans le domaine des pratiques addictives, l’épidémiologie permet de décrire les fréquences d’usage des produits (allant de l’expérimentation à l’usage régulier), les facteurs psychosociaux associés à ces usages, tels que l’âge, le statut économique, l’environnement, ou bien encore les facteurs plus médicaux associés aux addictions tels que les maladies physiques et psychiques.
Un certain nombre d’éléments rendent ces descriptions difficiles à établir. C’est le cas tout d’abord de la définition des seuils d’usages des produits. Si les troubles de l’usage peuvent être caractérisés par des critères précis, les niveaux énoncés d’usages à risque – du type « deux verres par jour et encore pas tous les jours », pour l’alcool – ne font pas vraiment consensus. Et comment définir le niveau d’usage à risque pour les opiacés, si ce n’est – par défaut – à la première consommation ? Certaines tranches d’âge suscitent un intérêt particulier dans l’observation des conduites d’usages. L’adolescence constitue une période particulièrement importante à étudier, car elle est souvent la période des premiers usages. Mais l’entrée dans la maladie est insidieuse et la chronicité des troubles addictifs rend leur observation complexe, car il est difficile de recueillir des données au long cours. En outre, le recueil des données repose souvent sur des propos déclaratifs des personnes interrogées, propos qui peuvent être biaisés en raison du caractère illicite de certains produits.
En France, plusieurs sources peuvent être consultées pour obtenir des renseignements sur les consommations de substances et leurs conséquences, en particulier les publications régulières de Santé publique France, de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) et de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT). Ces deux dernières agences publient régulièrement l’enquête internationale ESPAD (European School Survey Project on Alcohol and other Drugs). Initiée en 1995, celle-ci interroge des adolescents de 16 ans scolarisés sur leurs usages de substances psychoactives. Aux États-Unis, la Substance Abuse and Mental Health Service Administration publie quant à elle les données d’une enquête annuelle sur les consommations de drogues (National Survey of Drug Use and Health).
Le tabac
Près de 50 000 tonnes de tabac sont vendues en France chaque année. On assiste depuis la fin des années 1970 à un recul progressif des ventes et des consommations, en particulier du fait des mesures de lutte contre le tabac. Entre 2014 et 2017, la consommation quotidienne des 18-75 ans a baissé de 29 % à 27 % et concerne 30 % des hommes et 24 % des femmes. En 2018, au collège, un élève sur cinq (21 %) a expérimenté la cigarette, contre 28 % en 2014. De même, le nombre de personnes suivant un programme d’aide à l’arrêt du tabac est en constante évolution, en particulier depuis la mise en place du « Mois sans tabac » en 2016.
La consommation de tabac est la première cause de mortalité évitable au monde – on estime à plus de 75 000 le nombre de décès qui lui sont imputables chaque année en France. Selon l’OMS, elle fait plus de 8 millions de morts par an (plus de 7 millions de consommateurs ou anciens consommateurs ; environ 1,2 million de non-fumeurs exposés à la fumée). Les cancers (du poumon, de la vessie, des voies aérodigestives supérieures…) représentent les premières causes de mortalité liées au tabac. Le tabagisme est également à l’origine de pathologies des bronches et des poumons, de pathologies cardio-vasculaires, et cela d’autant plus qu’il est associé à d’autres facteurs de risques socio-environnementaux, tels les problèmes d’alcool, par exemple.
L’alcool
Sous l’effet de différents programmes de lutte[...]
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Écrit par
- Georges BROUSSE : professeur des Universités, chef de service d'addictologie et pathologies duelles, CHU de Clermont-Ferrand
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Médias