TROUBLES ANXIEUX
Rappel historique
Les troubles anxieux sont diagnostiqués depuis la seconde moitié du xixe siècle (Servant, 2022). C’est à cette époque que l’on prend conscience que certains malades souffrent de troubles psychiques qui n’ont rien à voir avec la folie : ils raisonnent bien et sont conscients de leur problème, mais ne peuvent se détacher de leur anxiété. Le Français Bénédict Morel (1809-1873) – premier psychiatre à avoir identifié, sans vraiment le nommer, un état anxieux – parle de délire émotif. D’autres médecins et psychiatres dépeignent quelque temps après avec précisions les principaux troubles anxieux que nous connaissons aujourd’hui. Ainsi sont décrites l’agoraphobie (peur de traverser les places), l’éreutophobie (obsession de rougir en public), la phobie des situations sociales (phobie sociale), l’acrophobie (peur des hauteurs), la claustrophobie (peur des espaces clos) et de nombreuses autres phobies. Tous ces troubles sont alors regroupés dans la catégorie des névroses, que l’on pourrait définir comme des maladies sans lésion ayant une origine psychologique.
Sigmund Freud (1856-1939) va différencier la névrose d’angoisse d’une autre maladie très en vogue à l’époque, notamment chez les hommes d’affaires américains surmenés, la neurasthénie, et va proposer une première classification des états anxieux (Freud, 1895). Il distingue les « névroses actuelles » dont la névrose d’angoisse et les névroses dites de transfert, parmi lesquelles la névrose hystérique, l’hystérie d’angoisse – qu’il appellera par la suite la névrose phobique – et la névrose obsessionnelle. Tout au long de sa vie, Freud va remanier ses explications sur l’origine de l’angoisse pour aboutir au modèle psychanalytique freudien des névroses qui restera la référence pendant plus d’un demi-siècle.
À partir de la fin des années 1970, de nouveaux modèles psychologiques comme le comportementalisme, le cognitivisme, la théorie de l’attachement se distinguent de la psychanalyse. Cette période voit également l’essor de recherches sur le cerveau, la biologie et la pharmacologie avec la généralisation des anxiolytiques. Le terme de névrose, attaché au seul modèle psychanalytique, est progressivement abandonné par les systèmes de classification psychiatrique en faveur de l’expression « troubles anxieux » qui reflète mieux des maladies dont l’origine est multiple et ne peut être expliquée exclusivement par le modèle freudien.
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Écrit par
- Dominique SERVANT : psychiatre, praticien hospitalier, CHU de Lille
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