TROUBLES ANXIEUX
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Les différents troubles anxieux
Chaque trouble anxieux regroupe des signes caractéristiques et, pour établir un diagnostic, les psychiatres se réfèrent à deux systèmes de classification relativement proche : la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association américaine de psychiatrie (DSM-5, 2014) ; et la onzième édition de la Classification internationale des troubles mentaux et des troubles du comportement (CIM-11, 2022) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans la catégorie des troubles anxieux, ces classifications distinguent : l’anxiété de séparation, le trouble panique, les phobies spécifiques, l’anxiété sociale (ou phobie sociale), l’agoraphobie, l’anxiété généralisée.
L’anxiété de séparation
Il s’agit d’un trouble qui débute dans l’immense majorité des cas chez l’enfant. Il est caractérisé par une grande détresse de celui-ci quand il est séparé de sa figure principale d’attachement, le plus souvent sa mère. Il faut distinguer l’anxiété de séparation – considérée comme normale, qui est présente chez la plupart des enfants et apparaît entre un et deux ans – du trouble de l’anxiété de séparation. La première s’atténue au fil du développement, l’enfant supportant de mieux en mieux les situations où il est éloigné de sa mère. Lorsque l’anxiété se prolonge et devient envahissante, le trouble apparaît. L’enfant redoute alors d’être séparé de façon définitive de sa figure principale d’attachement – lorsqu’il doit aller dormir dans sa chambre, à l’école, ou encore partir en vacances en collectivité… Il craint que sa mère soit kidnappée, qu’elle tombe malade ou meure dès qu’il est physiquement séparé d’elle. Il est pris d’une angoisse très forte, a mal au ventre et s’agite dans toutes les occasions où il est confronté à l'idée d'une possible séparation. Ces angoisses finissent par s’atténuer, mais il n’est pas rare qu’elles évoluent vers d’autres troubles anxieux, particulièrement l’attaque de panique et l’agoraphobie.
Ce trouble ne doit pas être confondu avec la phobie scolaire (ou refus scolaire anxieux) dans laquelle l’enfant refuse d’aller à l’école par peur de se retrouver dans l’établissement, mais sans exprimer celle de la séparation avec ses proches.
Dans de rares cas, on retrouve le trouble de l’anxiété de séparation chez l’adulte. Il s’exprime alors par une difficulté à rester seul en dehors de chez soi et une recherche permanente de la présence d’un proche.
L’attaque de panique et le trouble panique
Les attaques de panique sont des crises d’angoisse très intenses qui surviennent sans raison apparente et sont marquées par des signes physiques tels que des douleurs dans la poitrine, une accélération du cœur, un essoufflement, des tremblements. La personne a alors l’impression d’avoir un problème grave souvent d’origine cardiaque ou cérébrale. Elle pense qu’elle va mourir, devenir folle ou perdre le contrôle de ce qu’elle est en train de faire.
Dans certains cas, cette attaque de panique reste isolée, sans lendemain, et a donc peu d’incidence. Dans d’autres, son évolution est plus défavorable et elle reste gravée dans la mémoire émotionnelle de la personne. On parle de trouble panique lorsque la crise se répète et fait naître une appréhension durable à l’idée qu’elle se reproduise (parfois même à n’importe quel moment et dans n’importe quelle circonstance).
Les phobies
Les phobies sont toutes caractérisées par une peur intense, et perçue comme excessive, d’objets ou de situations non réellement dangereux. Toute confrontation (réelle ou imaginaire) avec l’objet ou la situation en cause provoque une anxiété qui peut être majeure, allant jusqu’à l’attaque de panique. Cette angoisse est absente ou disparaît dès que le sujet se sent « à l’abri ». On regroupe les phobies en trois grandes catégories : l’agoraphobie, les phobies spécifiques et les phobies sociales.
L’agoraphobie
L’agoraphobie (du grec agora, qui signifie « place publique », et phobos, qui veut dire « crainte ») est liée à certaines situations dans lesquelles le sujet craint la survenue d’une attaque de panique (grands magasins, foule, transports, ponts, tunnels, endroits fermés comme les ascenseurs...).
Elle survient le plus souvent à la suite d’une première attaque de panique à laquelle le sujet associe des circonstances dans lesquelles il va redouter de subir une nouvelle attaque. Par extension, le sujet peut également craindre d’autres situations agoraphobiques de la vie quotidienne où il n’a jamais expérimenté une crise. La crainte et l’évitement s’intensifient après la première crise et concernent de plus en plus de situations en rapport avec l’espace et la locomotion. On parle de trouble panique avec agoraphobie.
Les phobies spécifiques
Selon les études françaises et internationales, les phobies spécifiques touchent plus d’une personne sur dix et sont les troubles anxieux les plus fréquents. Elles se caractérisent par la peur d’un objet ou d’une situation que la personne ne peut affronter sans ressentir une montée d’anxiété, voire une panique incontrôlable, de sorte qu’elle cherche à tout prix à l’éviter. Ainsi, quelqu’un ayant une « peur bleue » des araignées, de passer sur un pont ou encore de monter sur une hauteur évitera systématiquement certaines situations. Parfois, le simple fait d’évoquer la possibilité de s’y confronter peut même déclencher chez le sujet les premiers signes de la peur. Il existe d’innombrables phobies que l’on peut regrouper à travers les catégories suivantes :
– la phobie des animaux, les plus fréquemment incriminés étant les araignées, les insectes, les souris, les serpents, les oiseaux, les chiens, les chats et les chevaux. La peur peut porter sur la seule vision de l’animal ou sur sa présence physique. Ces phobies ne sont qu’exceptionnellement invalidantes et conduisent rarement à une demande de soin. Les cas les plus sévères sont ceux où le sujet passe un temps important à anticiper une éventuelle rencontre (par exemple, les pigeons dans certains milieux urbains) ;
– la phobie des environnements naturels comme les hauteurs et le vide, l’eau, l’obscurité, les orages et le tonnerre ;
– la phobie du sang, des piqûres, des soins dentaires ou des interventions chirurgicales, qui peuvent déclencher un malaise vagal avec baisse de tension, ralentissement de la fréquence cardiaque, voire un évanouissement ;
– la phobie de situations qui concernent principalement la conduite automobile, les voyages aériens et les ascenseurs. Parfois très proche de l’agoraphobie, la peur est motivée par une situation plus que par la crainte d’une attaque de panique.
L’anxiété généralisée
Le trouble anxieux généralisé (TAG), que l’on pourrait nommer « maladie des inquiétudes », se caractérise par des soucis excessifs au sujet de la vie quotidienne. Les personnes qui en souffrent se soucient de tout, s’inquiètent pour un rien, redoutent qu’il leur arrive quelque chose de grave, ne supportent pas l’incertitude et ont beaucoup de mal à se détendre. Leurs inquiétudes touchent différents sujets comme la santé, le travail, les finances, mais également des sujets de la vie quotidienne et de moindre importance (le fait d’arriver en retard, par exemple). Il leur est difficile de chasser et de contrôler ces peurs qui par conséquent perturbent leur concentration, leur attention et leur prise de décision. Fait essentiel, il ne s’agit que d’anticipation d’événements négatifs pouvant survenir, et non de tracas ou de perturbations faisant suite à des problèmes survenus effectivement.
Les signes physiques associés à cet état sont une tension musculaire et des contractures, une fatigue et des insomnies souvent au moment de s’endormir.
Ce trouble, qui évolue dans le temps sur des mois, voire des années, pose la question de sa distinction avec la notion de « tempérament anxieux ».
Le trouble de l’anxiété sociale
Mieux connu sous l’expression « phobie sociale », le trouble de l’anxiété sociale est caractérisé par une peur exagérée d’être observé par les autres dans des situations banales de la vie quotidienne, comme manger ou boire en public, être dans un groupe, croiser quelqu’un dans un magasin ou un lieu public. Il s’agit en quelque sorte de la peur des autres ou du regard des autres. Les signes physiques sont les mêmes que pour les autres phobies. Ceux qui se remarquent – le fait de rougir en public (éreutophobie) ou de trembler devant les autres… – sont vécus comme particulièrement handicapants. La crainte et l’évitement se généralisent à de nombreuses situations où l’on est confronté aux autres. La personne s’isole, limite les contacts et ne peut s’engager pas dans la vie professionnelle et personnelle. On observe souvent une baisse de l’estime de soi et un manque d’affirmation de soi dus aux difficultés rencontrées dans les situations sociales.
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Écrit par
- Dominique SERVANT : psychiatre, praticien hospitalier, CHU de Lille
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