TROUBLES ANXIEUX
Les origines
L’origine des troubles anxieux est multifactorielle. Si différentes hypothèses à la fois psychologiques et biologiques sont avancées, aucune ne peut les expliquer à elle seule. Il existe une prédisposition biologique et tempéramental innée dans les relations familiales, l’éducation, les événements stressants vécus et dans les mécanismes psychologiques d’adaptation mis en place par les personnes au cours de leur vie (Servant, 2022).
Le tempérament anxieux
La notion de tempérament est connue depuis l’Antiquité. On pense aujourd’hui qu’il existerait une vulnérabilité biologique innée qui prédisposerait à devenir anxieux à l’âge adulte. Par exemple, de tout petits enfants qui présenteraient une inhibition comportementale s’exprimant par un retrait de tout ce qui n’est pas familier seraient plus enclins à devenir anxieux.
Le tempérament anxieux soulève la question de l’hérédité de ces troubles et de leur transmission. Des études ont mis en évidence une plus forte présence de ces troubles dans les familles (parents et enfants) de personnes présentant elles-mêmes un trouble anxieux. Aucune anomalie génétique n’a été identifiée jusqu’à présent et, s’il existe une prédisposition familiale, il faut tenir compte de l’éducation et de l’influence des parents surtout quand ils souffrent eux-mêmes de troubles anxieux et peuvent par leurs attitudes transmettre leur anxiété.
Le modèle psychanalytique
Le modèle freudien qui sert de base à la psychopathologie des névroses postule que le sens du symptôme anxieux serait à comprendre dans les expériences précoces restées au niveau de l’inconscient, le développement de la libido et de la sexualité et les défenses mises en œuvre par le moi face aux pulsions du ça et aux exigences du surmoi (Freud, 1916).
Par exemple, la phobie traduirait des mécanismes de défense (refoulement, projection…) mis en place face à une angoisse du moi liée à un conflit pulsionnel. Ainsi, la phobie des chevaux du célèbre cas freudien du « petit Hans » ramènerait à une angoisse de castration en lien avec le complexe d’Œdipe ; l’agoraphobie d’un autre cas célèbre, celui d’une jeune femme appelée Emma, à une angoisse de séduction et à la possibilité d’une rencontre à caractère sexuel dans la rue.
Pour le courant psychanalytique, la phobie est un symptôme qui mène, par la cure, à la recherche de l’angoisse originelle dont le passage au conscient libérera définitivement le patient.
Le comportementalisme
Le courant behavioriste ou comportementaliste postule que, comme d’autres comportements, la peur peut être apprise par conditionnement. Au début du xxe siècle, les travaux du Russe Ivan Pavlov (1849-1936) chez le chien montrent que, si un stimulus neutre, un son de cloche qui initialement ne déclenche pas de réponse, est associé à de la nourriture, au bout d’un certain nombre de répétitions de cette association, le son de cloche à lui seul finit par déclencher la réponse de salivation (conditionnement dit répondant).
Dans les années 1930, Burrhus Frederic Skinner (1904-1990) décrit un autre type de conditionnement, dit opérant, où l’apprentissage est renforcé ou au contraire inhibé en fonction des conséquences de l’action. Si l’animal reçoit une récompense à chaque fois qu’il appuie sur une manette, il va augmenter ce comportement. S’il subit à chaque fois un choc électrique, il va l’interrompre. Certains chercheurs vont extrapoler ce constat à l’humain dans les années 1960 et faire l’hypothèse que les phobies pourraient être également « apprises » lorsqu’une confrontation à un objet ou une situation non dangereux est associée à une anxiété (conditionnement répondant). Le fait d’éviter la situation a un effet positif puisqu’il diminue l’angoisse, mais il renforce également la phobie en amenant à répéter l’évitement à chaque nouvelle confrontation (conditionnement opérant).[...]
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Écrit par
- Dominique SERVANT : psychiatre, praticien hospitalier, CHU de Lille
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