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TROUBLES ANXIEUX

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Les traitements

Deux types de traitements sont recommandés dans les troubles anxieux et ont fait la preuve de leur efficacité : les médicaments et la psychothérapie. Si la psychanalyse a été le traitement historique des névroses phobiques, les thérapies psychanalytiques ne sont plus proposées ni recommandées en première intention dans les troubles anxieux (HAS, 2007). Les psychothérapies de première intention sont les thérapies comportementales et cognitives (TCC) qui se sont enrichies au fil du temps de différentes techniques comme la méditation de pleine conscience et les thérapies centrées sur les émotions. Pour cette raison, on parle souvent aujourd’hui de thérapie comportementale cognitive et émotionnelle (TCCE) (Lecomte et Servant, 2020).

Les médicaments contre l’anxiété

Lorsque l’anxiété est modérée et reste tolérable, les médicaments ne sont pas recommandés (HAS, 2007). Leur prescription se justifie lorsque le trouble anxieux affecte la vie quotidienne, empêche de faire certaines choses (aller travailler, se déplacer…), perturbe le sommeil et entraîne de la fatigue et une baisse de moral. Il faut considérer les médicaments comme une béquille qui permet de mettre en place d’autres moyens non médicamenteux afin de pouvoir ensuite s’en passer. Chez l’enfant, les médicaments sont à proscrire sauf dans des cas où les troubles anxieux s’associent à d’autres troubles tels que les troubles obsessionnels compulsifs (TOC).

Deux classes de médicaments ont montré leur efficacité dans les troubles anxieux : les anxiolytiques et les antidépresseurs. Les anxiolytiques, dont les benzodiazépines constituent la principale classe pharmacologique, sont indiqués pour les symptômes anxieux et l’anxiété transitoire. Leur utilisation ne doit pas être prolongée au-delà de quelques semaines afin d’éviter les risques d’abus et de dépendance. Les antidépresseurs sont indiqués comme traitement de « fond » des troubles anxieux. Ils permettent de réduire les attaques de panique. Après une période d’environ trois à six mois, on peut commencer à réduire progressivement leur posologie et à proposer d’autres alternatives.

Les TCCE

Les TCCE représentent un ensemble de techniques pouvant être associées. Les trois principaux types en sont : l’exposition ; la thérapie cognitive ; la relaxation et la méditation. De nombreuses études scientifiques ont démontré leur efficacité (Carpenter et al 2018, Cuijpers et al 2016).

L’exposition

L’exposition consiste à se confronter à ce que l’on redoute pour créer une habituation et une inhibition de la réponse anxieuse. Elle repose sur le principe que, si l’évitement a pour effet de réduire l’anxiété, il ne fait que conforter la phobie. Il est recommandé de se confronter à des situations variées (ascenseur, foule, magasins…), dont le contexte diffère (accompagné, seul, à certains horaires…) dans des conditions qui semblent le permettre. Au fur et à mesure des expositions, certains évitements (anxiolytique dans la poche, contrôle respiratoire, bouteille d’eau…) sont supprimés dans le but de retrouver une entière liberté.

Lors de ces situations, il est important d’insister auprès de la personne sur le fait que, la plupart du temps, il ne se passe rien de particulier ni de catastrophique et que, malgré l’anticipation, elle réussit finalement à s’exposer. Elle parviendra à accepter de plus en plus ses propres sensations physiques comme des turbulences qui finissent par passer et qui ne prédisent pas forcément la catastrophe redoutée.

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On peut s’exposer en imagination (en visualisant la situation que l’on redoute) ou in vivo (en situation réelle seul ou avec le thérapeute). Pour certaines situations (hauteur, avion, conduite automobile, etc.), il est aussi possible d’utiliser des outils de réalité virtuelle afin de recréer le contexte redouté.

La thérapie cognitive

La thérapie cognitive consiste à identifier les pensées automatiques sources d’angoisse que nous n’arrivons pas à contrôler et à les changer en pensées plus réalistes et donc moins anxieuses. Pour cela, le thérapeute propose à la personne d’utiliser un tableau à trois colonnes et d’y noter ce qui déclenche les pensées automatiques anxieuses, les pensées en elles-mêmes et enfin les pensées plus adaptées, moins anxieuses. On peut comparer cette pratique à une sorte de gymnastique mentale qui permet en situation d’avoir une pensée plus rationnelle et plus adaptée.

La relaxation et la méditation

Le contrôle respiratoire

Le contrôle respiratoire, que l’on appelle aussi la cohérence cardiaque, est une technique très efficace pour faire face aux attaques de panique. Il consiste à respirer lentement et profondément par le ventre et en prolongeant un peu le temps d’expiration par rapport à l’inspiration.

Les techniques de relaxation

La relaxation permet de réduire les tensions musculaires, l’état d’hyperéveil et d’induire un état de détente qui favorise le sommeil. Elle est particulièrement indiquée dans le trouble anxieux généralisé. Il existe de nombreuses techniques d’induction d’un état de relaxation : respiration, détente musculaire par contraction-décontraction, détente par auto-induction, étirements et relaxation dynamique, visualisation mentale… (Servant, 2021).

La méditation de pleine conscience

Pour traiter les troubles anxieux, on peut avoir recours à la technique de méditation dite de pleine conscience (de l’anglais mindfulness). Cette pratique est empruntée à la méditation bouddhiste (vipassana) et au yoga (Kabat-Zinn, 2016). Elle consiste à diriger son attention sur sa respiration, sur son corps et sur ses sensations dans une attitude d’observation et de non-agir. Cette attitude d’attention consciente invite à ne pas s’engager dans des pensées et des attitudes anxieuses, en se focalisant sur l’instant présent. Des programmes structurés de pleine conscience ont été proposés pour soigner les troubles anxieux et ont montré une réduction de leurs symptômes (Servant, 2021). On peut facilement pratiquer des exercices courts par soi-même (respiration consciente) et de nombreux ouvrages, podcast et applications sont disponibles (André, 2020).

Savoir agir par soi-même

L’anxiété se soigne et, si l’on ne peut généralement pas la faire disparaître tout à fait, il est possible de l’amener à un niveau tolérable et supportable, qui est le lot de tous les humains. Pour cela, il est important de prendre soin de sa santé, de s’informer, de connaître les différents traitements pour se soigner et, dans le cadre des TCCE, de pratiquer par soi-même (Servant, 2003).

Certaines mesures complémentaires, si elles sont insuffisantes pour traiter totalement des troubles anxieux, peuvent être très utiles. L’activité physique régulière a pour effet immédiat de réduire les ruminations, les tensions et l’hyperéveil physiologique dans l’anxiété généralisée. D’autres bonnes attitudes de santé comme la limitation de certaines substances (tabac, alcool…), une alimentation équilibrée, une bonne hygiène de sommeil (rythme, limitation des écrans avant le coucher…) sont des compléments utiles dans la lutte contre tous les troubles anxieux.

— Dominique SERVANT

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