TROUBLES DU CONTRÔLE DES IMPULSIONS
Les troubles du contrôle des impulsions (TCI) se caractérisent par des difficultés dans le contrôle des émotions, avec des comportements impulsifs, agressifs ou dommageables pour soi-même ou autrui. Ces comportements impulsifs se déroulent selon un cycle typique : ils sont précédés par une excitation ou des pulsions croissantes et intenses, puis la réalisation du comportement apporte une gratification suivie par un soulagement de la tension.
La catégorie des TCI apparaît en 1980 dans la troisième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-III) de l’Association américaine de psychiatrie. Elle comporte alors le trouble explosif intermittent (TEI), la kleptomanie et la pyromanie, ainsi qu’un quatrième trouble, le jeu d’argent pathologique. À partir de 2013, dans le DSM-5, ce dernier trouble est rattaché aux addictions tandis que les TCI sont regroupés avec des troubles disruptifs des conduites sociales dans une supercatégorie plus large, dénommée « troubles disruptifs du contrôle des impulsions et des conduites », qui inclut également le trouble oppositionnel avec provocation, le trouble des conduites et la personnalité antisociale. En 2018, la onzième édition de la Classification internationale des maladies (CIM-11) de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) n’a pas adopté cette supercatégorie et conserve deux ensembles distincts : les TCI d’une part (incluant, en plus des TEI, de la kleptomanie et de la pyromanie dont il est question ici, les comportements sexuels compulsifs, caractérisés par l’incapacité répétée à résister à des impulsions sexuelles intenses) et les troubles disruptifs et dyssociaux d’autre part (comprenant le trouble oppositionnel avec provocation et les conduites dyssociales).
Dans la littérature psychanalytique, conformément aux principes exposés dans les écrits précoces de Freud (Esquisse d’une psychologie, 1895), les pathologies du contrôle des impulsions sont attribuées à des tensions croissantes qui trouvent leur source dans une énergie instinctuelle ou libidinale. Ces tensions peuvent être soulagées en étant évacuées par une décharge impétueuse et socialement inacceptable, souvent à la faveur d’un effondrement temporaire des défenses du moi.
C’est avec les évolutions conceptuelles qui ont mené à la publication du DSM-III (1980) que les TCI n’ont plus été considérés comme de simples symptômes mais comme des troubles distincts et qu’ils ont été étudiés par des méthodes scientifiques permettant de tester des traitements médicamenteux et psychothérapeutiques.
Trouble explosif intermittent
Caractéristiques cliniques
Dans le DSM-5, le trouble explosif intermittent (TEI) est défini par plusieurs critères :
– la manifestation d’explosions agressives d’intensité moyenne (crises de colère, altercations verbales, agressivité physique sans destruction d’objet ni blessure d’être vivant) et fréquentes (au moins deux fois par semaine durant une période de trois mois) ou bien trois explosions agressives intenses dans l’année, au cours desquelles des biens matériels sont endommagés, ou des personnes ou des animaux blessés ;
– un degré d’agressivité exprimé qui est sans commune mesure avec la provocation ou le facteur de stress déclenchant ;
– des accès agressifs qui ne sont pas prémédités et n’ont pas d’objectif tangible (comme obtenir de l’argent ou intimider quelqu’un) ;
– des impulsions agressives récurrentes qui entraînent une détresse significative chez la personne ou des conséquences interpersonnelles, professionnelles, financières ou judiciaires ;
– des accès agressifs récurrents qui ne s’expliquent pas par un autre trouble mental, comme un trouble bipolaire, un trouble psychotique ou une personnalité antisociale ou borderline, ou par une affection somatique comme un traumatisme crânien.
Le TEI se caractérise[...]
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Écrit par
- Marc-Antoine CROCQ : médecin psychiatre, praticien hospitalier
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