TROUBLES DU LANGAGE ORAL CHEZ L'ENFANT
Les causes des TSLO
Il serait illusoire, devant la diversité de leurs manifestations, de leur sévérité, de leur évolution et de leurs associations, de rapporter l’ensemble hétérogène des TSLO à une cause unique, et cela en dépit des progrès accomplis par les neurosciences. Cela d’autant plus que les recherches étiologiques concernent souvent des populations d’enfants sélectionnés en vue de créer des groupes de sujets à sémiologie relativement homogène, mais dont le profil s’éloigne parfois considérablement de la complexité et de la diversité des troubles rencontrés en clinique. Ces réserves faites, les facteurs biologiques et génétiques ne peuvent plus être ignorés, même s’ils ne permettent pas de fournir un diagnostic étiologique individuel.
Facteurs biologiques : un cerveau singulier, des bases génétiques
Les travaux neuropathologiques princeps chez quatre adultes dyslexiques, dont trois avec un trouble du développement du langage, ont été les premiers à suggérer des particularités « neuro-anatomiques » à l’origine de ces troubles : trouble au cours du développement du cerveau, de la migration des neurones et absence de l’asymétrie habituelle au niveau d’une structure cérébrale particulière appelée « planum temporal ». Quelques études des années 2010 en imagerie ont confirmé cette absence d’asymétrie temporale. Dans une grande famille de TSLO, ces particularités neuro-anatomiques ont été retrouvées chez les sujets atteints alors qu’elles étaient absentes chez les sujets sains. Les études en imagerie fonctionnelle restent rares dans les troubles du langage oral, et elles ne donnent pas d’arguments plus consistants.
Les facteurs génétiques sont source d’espoir et de déception. Les études de jumeaux font apparaître une forte héritabilité témoignant d’un rôle significatif de facteurs génétiques, sans identification précise des gènes en cause. Un déficit de la production phonologiquedes pseudo-mots ou mots qui n’existent pas ou une structure syntaxique déviante ont été considérés comme des marqueurs de l’origine génétique à l’inverse d’un déficit en vocabulaire. De nombreux cas de constellations intrafamiliales de TSLO ont aussi été décrits, avec une prédominance masculine parmi les sujets atteints et une transmission vraisemblablement autosomique dominante, c’est-à-dire une transmission du gène par un des deux parents porteur de la maladie. Une famille exceptionnelle de trente individus examinés sur trois générations, avec un trouble sévère de l'élocution et du langage, a mis en évidence un gène candidat sur le chromosome 7, appelé FOXP2. Si une anomalie de ce gène à proprement dit n’a jamais été confirmée en dehors de cette famille, l’intervention d’un autre gène régulé par FOXP2pourrait s’avérer une avancée notable sur l’origine génétique des TSLO et d’autres troubles du langage inscrits dans des syndromes autistiques.
En résumé, les particularités cérébrales visibles au moins sous la forme de modifications de la taille des régions temporales sont probables sans prétendre expliquer l’ensemble des TSLO. Des facteurs génétiques, facteurs de risque sont indiscutables, mais ils ne renvoient pas à un gène isolé. Malgré leur rôle dans la compréhension des troubles, en pratique, aucune des investigations spécialisées ne permet d’étayer le diagnostic qui repose sur la clinique, ni d’anticiper le pronostic, ni d’apporter un traitement spécifique susceptible de l’améliorer. Les TSLO ont une origine multifactorielle, où s’intriquent facteurs génétiques et environnementaux.
Les facteurs environnementaux : déterminants ou aggravants ?
Les troubles du langage sont particulièrement fréquents dans la combinaison d’un contexte sociologique et linguistique difficile. L’environnement influe évidemment sur le développement du langage, en[...]
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Écrit par
- Catherine BILLARD : médecin des hôpitaux
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Média