TROUBLES OBSESSIONNELS COMPULSIFS (TOC)
Symptômes les plus fréquemment rencontrés
Les deux formes de TOC les plus fréquentes concernent :
– les obsessions de la saleté, de la contamination ou de la contagion conduisant aux compulsions de lavage, complet ou de certaines parties, du corps (ainsi, les mains rouges et irritées d’un individu peuvent être le signe d’un TOC) ;
– les obsessions du doute (peur d’avoir mal fait, peur d’avoir oublié quelque chose, peur de commettre un acte contre sa volonté) entraînant l’obligatoire compulsion de vérification.
D’autres formes très classiques existent par ailleurs :
– les TOC de lenteur, où le patient se sent obligé, en raison de sa compulsion de précision, d’effectuer les actes de sa vie au quotidien dans un ordre strictement hiérarchisé, chaque geste mal fait « l’enchaînant » à la nécessité de le refaire ;
– les TOC, parfois qualifiés de « neurosensoriels », liés à la gêne ressentie en raison de la perception de « signes » que les autres ne voient pas (un détail proéminent tel que le bout du nez, ou l’agencement d’un meuble), l’audition de bruits, voire de voix, la crainte de dégager une mauvaise odeur, l’obsession d’un goût dans la bouche ou encore la gêne occasionnée par des vêtements sur la peau ;
– les obsessions impulsives, qui se caractérisent par le besoin de savoir quelle conséquence peut avoir l’expérimentation d’un geste ou d’un acte. Ainsi, il arrive qu’un patient éprouve le besoin de ressentir certaines sensations en touchant, en tapotant ou en frottant un mur, une surface lisse, voire en soumettant son corps à une expérience inédite (par exemple, chercher à connaître la sensation produite par le toucher de son tympan avec un stylet…).
Les obsessions de superstition conduisent par ailleurs souvent à des rituels compulsifs de répétition. Un enfant souffrant de TOC pourra par exemple se dire : « Si je ne me contorsionne pas comme une toupie à plusieurs reprises, il va arriver malheur à mes parents. » D’ailleurs, plus les TOC commencent tôt dans l’enfance et plus les obsessions de superstition sont présentes, révélant ainsi le lien qui peut exister entre le développement psychique normal et sa composante pathologique.
Certaines manifestations proches des TOC sont considérées par la classification américaine du DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) comme des troubles connexes. C’est le cas du hoarding ou « trouble d'accumulation compulsive », qui caractérise des patients amassant à leur domicile des objets sans intérêt ou déjà usés ; de l’excoriation compulsive ou dermatillomanie, qui se traduit par un grattage de la peau excessif, entraînant des blessures minimes le plus souvent, mais multiples ; de la trichotillomanie, qui est l'arrachage compulsif des cheveux ou des poils ; ou encore de la dysmorphophobie, qui se traduit par des préoccupations excessives pour une partie de son propre corps ou pour son apparence.
Pour chacune de ces catégories de TOC, le DSM-5 permet d’opérer une distinction entre les personnes qui ont une bonne prise de conscience de leur trouble et ceux pour lesquels elle n’est que partielle, quand elle n’est pas nulle, l’idée obsédante confinant alors à une croyance délirante. Dans ce dernier cas, le patient souffrant de TOC ne considère ni ses idées obsédantes ni son comportement comme excessif ou absurde : il adhère complètement à la croyance qui sous-tend son comportement pathologique. La pathologie est alors très difficile à traiter.
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Écrit par
- Bruno MILLET : professeur des Universités, praticien hospitalier
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