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TROUBLES SCHIZOPHRÉNIQUES

Dans le langage courant, le mot « schizophrénie » est souvent utilisé d’une façon erronée par rapport à son sens médical. Dans la vie quotidienne, il fait ainsi souvent référence à la notion floue de « dédoublement de la personnalité » et est employé pour souligner l’ambivalence d’une situation ou d’une personne. De même, en langage familier – abrégé en « schizo » –, il peut servir, de façon extensive, à décrire des personnes atteintes de maladies psychiatriques graves, parfois avec une idée de dangerosité. Cette polysémie obscurcit la représentation de cette maladie psychiatrique, parmi les plus invalidantes, qu’il convient de définir.

Aspect historique

Le terme « schizophrénie » a été forgé, sur le grec schizen (« fendre ») et phren (« âme, esprit »), par le psychiatre suisse Eugen Bleuler pour désigner une entité pathologique. Il l’utilise pour la première fois en 1911 lorsqu’il présente son traité intitulé : Dementia praecox oder Gruppe der Schizophrenien. Cet auteur reprend notamment les observations cliniques d’un psychiatre allemand, Emil Kraepelin qui, en les systématisant, avait proposé dès 1896 cette notion de dementia praecox (« démence précoce »).

Par sa construction, le mot « schizophrénie » souligne une caractéristique centrale du trouble : la présence d’une scission (Spaltung) ou dissociation du fonctionnement psychique, véritable dislocation de la pensée, de l’affectivité, de la vie relationnelle et de l’appréhension du réel. Le terme a été conservé, dans la majorité des langues, sauf en japonais, pour désigner cette maladie.

L’hétérogénéité de cette maladie, qui peut prendre des formes cliniques très diverses –  hébéphrénie, catatonie ou encore forme paranoïde – caractérisées par Kraepelin, justifie la notion de « groupe des schizophrénies ». Si cette expression n’est plus utilisée, différents sous-types de cette maladie ont été décrits, correspondant aux principales formes cliniques définies dans les classifications internationales (la Classification internationale des maladies de l’Organisation mondiale pour la santé et le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’American Psychiatric Association). Les « troubles schizophréniques » sont regroupés avec les « autres troubles psychotiques », au sein des « psychoses délirantes chroniques ». Il faut noter qu’historiquement, jusqu’à la fin du xxe siècle, la classification d’usage française opposait schizophrénie et délires chroniques (dont les délires paranoïaques).

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Écrit par

  • : professeur de psychiatrie, chef de service, CHU Clermont-Ferrand, université Clermont Auvergne

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