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TROUBLES SCHIZOPHRÉNIQUES

Clinique de la schizophrénie

Les signes cliniques de la maladie sont principalement répartis en trois grandes dimensions symptomatiques : les symptômes dits « positifs » (qui ne sont pas observés chez les personnes en bonne santé) ; les symptômes dits « négatifs » (qui marquent un affaiblissement de capacités psychologiques normalement présentes) ; les symptômes dits « de désorganisation ». Ces signes sont plus ou moins associés et intriqués, en fonction des personnes atteintes et de l’évolution de leur maladie.

Symptômes positifs

Il s’agit de manifestations cliniques correspondant à une transformation ou à une distorsion de la réalité par rapport au fonctionnement normal. Ces symptômes positifs comprennent les hallucinations et les idées délirantes.

Les hallucinations sont des perceptions sans objet réel, qui peuvent concerner les différents sens (audition, vision, goût, odorat, cénesthésie). Les hallucinations auditives sont les plus fréquentes dans la schizophrénie. Le sujet perçoit une ou plusieurs voix, familières ou inconnues, parfois agréables, mais plus fréquemment menaçantes, voire insultantes. Leur volume sonore est variable. Parfois, elles conversent entre elles ou commentent les actes et les pensées, voire donnent des ordres au sujet, parfois elles se limitent à de simples sons ou à des musiques.

Les hallucinations visuelles sont très variées tant en qui concerne le caractère des objets (ou personnes) perçus que les formes et les couleurs. Ces scènes, qui sont rarement construites, sont le plus fréquemment associées à d’autres types d’hallucinations.

Les hallucinations olfactives et gustatives sont plus rares. Il s’agit de perceptions d’odeurs ou de goûts souvent désagréables, parfois associées à des idées de persécution et d’empoisonnement.

Les hallucinations cénesthésiques ou corporelles sont des perturbations des sensations corporelles. On retrouve, par exemple, des sensations de brûlure, de décharge électrique, d’ondes, de picotement ou l’impression d’être touché ou frôlé par quelqu’un d’autre. Elles peuvent concerner toutes les parties du corps, et notamment les organes sexuels. Parfois, le patient ressent une impression de mouvement d’une partie de son corps.

Les hallucinations psychiques, elles, sont de « fausses hallucinations » en ce qu’il s’agit de voies intérieures non sensorialisées, de phénomènes xénopathiques ressentis de manière angoissante et vécus comme une perte de l’intimité psychique. Le sujet a le sentiment d’un vol de sa pensée, d’un commentaire de ses actes, voire d’actes imposés, ces symptômes provoquant ce que l’on nomme un syndrome d’influence que le Français Gaëtan Gatian de Clérambault attribuait, au début du xxe siècle, à « l’automatisme mental », c’est-à-dire à un fonctionnement automatique et dissident de la vie mentale.

Les hallucinations déforment les repères de la réalité. Selon qu’elles sont vécues comme étant plus ou moins réelles, elles peuvent être modérément à intensément angoissantes et provoquer une souffrance profonde. L’adhésion à ces perceptions sans objet est souvent forte, voire totale et il est généralement très difficile de convaincre le malade de leur caractère pathologique. Elles peuvent être à l’origine de passages à l’acte autoagressif ou hétéroagressif.

Les idées délirantes sont des idées non adaptées à la réalité, fondées sur une perception erronée de celle-ci, donnant une impression de flou et de bizarrerie. Leurs thèmes, leurs contenus sont très variés dans la schizophrénie : persécution, grandeur (mégalomanie), transformation corporelle, idées mystiques, ésotériques, etc. Les idées de lecture, de devinement de la pensée, de télépathie sont également fréquentes et peuvent s’intégrer à un syndrome d’influence.

Les mécanismes, également variés, sont classiquement[...]

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Écrit par

  • : professeur de psychiatrie, chef de service, CHU Clermont-Ferrand, université Clermont Auvergne

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