- 1. Aspect historique
- 2. Épidémiologie de la schizophrénie
- 3. Clinique de la schizophrénie
- 4. La schizophrénie dans les classifications internationales
- 5. Évolution de la schizophrénie
- 6. Schizophrénie et troubles comorbides
- 7. Hypothèses étiopathogéniques et physiopathologiques de la schizophrénie
- 8. Stratégies de prise en charge
- 9. Schizophrénie et stigmatisation
- 10. Bibliographie
- 11. Sites internet
TROUBLES SCHIZOPHRÉNIQUES
Évolution de la schizophrénie
L’évolution de la schizophrénie sur la vie entière est souvent schématisée en différentes phases, d’une façon un peu artificielle, mais qui permet de décrire l’histoire naturelle de la maladie. Quatre phases peuvent être identifiées.
Une phase prémorbide
Des descriptions a posteriori rapportent l’existence, chez les patients souffrant de schizophrénie, de manifestations peu spécifiques, comportementales, émotionnelles et cognitives (par exemple un retard de développement moteur, un détachement émotionnel, un isolement social et des difficultés d’attention) qui ont souvent pour conséquences des difficultés sociales (notamment lors des apprentissages scolaires). Leur présence ou leur absence n’a pas de valeur prédictive.
Une phase prodromique
Durant la phase prodromique, on observe initialement l’émergence de manifestations peu spécifiques, parfois perçues par l’entourage. On retrouve une augmentation de la réactivité au stress, de l’anxiété, mais aussi des troubles de l’attention et de la concentration, une altération de la motivation avec diminution de l’énergie, des troubles du sommeil, une humeur dépressive, une irritabilité souvent associée à une méfiance vis-à-vis de l’entourage. Ces signes sont accompagnés d’un retrait social et de conséquences fonctionnelles (difficultés scolaires). Ces manifestations ne sont pas encore des symptômes en tant que tels.
Dans un deuxième temps, le sujet ressent les premiers symptômes psychotiques (par exemple, des idées délirantes), mais qui restent de courte durée (quelques heures à quelques jours) et d’intensité modérée. Les prodromes surviennent entre l’adolescence et le début de l’âge adulte, et peuvent durer de deux à cinq ans. Parfois, ils passent inaperçus ou sont considérés comme constitutifs d’une simple « crise d’adolescence ». Il existe des formes de schizophrénie à début brutal (sans prodromes), mais on estime que 75 p. 100 des patients présentent des prodromes.
Une phase aiguë
Durant la phase aiguë, les symptômes psychotiques s’installent de façon intense et durable. Le début de cette période survient généralement entre vingt et vingt-cinq ans chez l’homme, et cinq à sept ans plus tard chez la femme. Les symptômes négatifs seraient inauguraux dans 70 p. 100 des cas, les symptômes positifs dans 10 p. 100 des cas, 20 p. 100 des patients présentant un tableau initial « mixte ». Du fait de leurs caractéristiques, la présence de symptômes négatifs est plutôt associée à un tableau de début insidieux. Dans la continuité surviennent souvent des symptômes de désorganisation, notamment du langage et du comportement.
Une phase d’état
Dans un certain nombre de cas dont le pourcentage reste difficile à préciser (de l’ordre de moins de 20 p. 100), l’évolution après un premier épisode se fait vers une résolution totale de la maladie. Dans la majorité des situations, on observe la persistance de symptômes résiduels positifs, négatifs ou de désorganisation, plus ou moins marqués, avec d’éventuelles rechutes dans les mois ou années qui suivent. Cliniquement, c’est la dimension négative qui semble avoir l’impact le plus marqué sur les niveaux de fonctionnement. On peut parler de rémission symptomatique lorsque les principaux symptômes (délire, hallucinations, désorganisation conceptuelle, émoussement affectif, retrait social, manque de spontanéité et de fluidité de la conversation, contenu inhabituel de la pensée, maniérisme) sont atténués et sans conséquence sur le fonctionnement, et ce de façon maintenue dans le temps (soit pendant six mois).
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Écrit par
- Pierre-Michel LLORCA : professeur de psychiatrie, chef de service, CHU Clermont-Ferrand, université Clermont Auvergne
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