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TROUBLES SCHIZOPHRÉNIQUES

Schizophrénie et troubles comorbides

La schizophrénie est fréquemment associée à d’autres affections psychiatriques et somatiques.

Principales comorbidités psychiatriques

Les troubles dépressifs, les conduites addictives (abus et dépendance aux substances psychoactives, notamment alcool et tabac), mais aussi les troubles anxieux sont fréquents et jouent un rôle important dans le pronostic de la schizophrénie.

Un épisode dépressif caractérisé peut être observé dans l’évolution de la maladie. Il survient souvent après un épisode délirant. Cette comorbidité est associée à un risque accru de suicide.

Plus de 40 p. 100 des patients atteints de schizophrénie présentent des conduites addictives. Elles compliquent souvent le diagnostic et la prise en charge des patients. La prise de substances psychoactives est souvent liée à un mauvais contrôle de la maladie, à un risque de rupture de soins et donc à un plus mauvais pronostic de la schizophrénie. Elles représentent un des premiers facteurs de risque de rechute, et de résistance au traitement. Ces consommations participent aussi à la grande fréquence des affections médicales chez les malades souffrant de schizophrénie (risque de cancers, cirrhose, etc.).

Le tabac et le cannabissont les substances les plus fréquemment utilisées chez ces patients. La prévalence du tabagisme parmi les patients schizophrènes varie de 50 à 80 p. 100 (contre moins de 30 p. 100 dans la population générale). Les conséquences, notamment médicales, sont sévères, avec, par exemple, un risque supérieur de développer des cancers du poumon, mais aussi une mortalité cardio-vasculaire accrue (Dervaux et Laqueille, 2008). Le cannabis peut favoriser la survenue de symptômes psychotiques. La prise de cette substance à l’adolescence révèle parfois une vulnérabilité à la schizophrénie qui aurait pu ne pas s’exprimer en l’absence de cette consommation. Elle aggrave les symptômes de la schizophrénie et assombrit son pronostic (Mc Loughlin et al., 2014).

Une comorbidité fréquente entre schizophrénie et troubles anxieux a également été décrite. Cette association s’accompagne d’une altération marquée du fonctionnement social. Certains patients souffrant de schizophrénie décrivent également le rôle de l’anxiété comme cause de la consommation de substances psychoactives.

Principales comorbidités somatiques

Le risque de décès prématuré est deux fois plus important pour les personnes souffrant de schizophrénie que pour la population générale. Cet excès n’est que partiellement attribuable au taux de suicide plus élevé et à la survenue plus fréquente d’accidents chez ces malades (38 p. 100 des décès), mais semble surtout lié à diverses maladies somatiques (62 p. 100 des décès). En effet, la prévalence des comorbidités somatiques (incluant les troubles cardio-vasculaires, gastro-intestinaux, respiratoires, néoplasiques, infectieux et endocriniens) chez les patients souffrant de schizophrénie est très supérieure à celle observée dans la population générale.

Les données regroupées à travers une large analyse (Corell, 2017) montrent que la schizophrénie est significativement associée aux maladies cardio-vasculaires dans les études longitudinales, mais également aux coronaropathies, aux pathologies cérébro-vasculaires et à la mortalité consécutive à une pathologie cardio-vasculaire. Cet effet significatif serait lié à la présence plus fréquente de facteurs de risque comme le syndrome métabolique (association d’une hypertension artérielle, d’une augmentation de l’indice de masse corporelle, d’une dyslipidémie et d’une hyperglycémie), mais aussi aux effets indésirables – notamment de dysrégulation du métabolisme des sucres et de modifications de la conduction cardiaque – des médicaments dits « antipsychotiques » utilisés dans le traitement de la schizophrénie.

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Écrit par

  • : professeur de psychiatrie, chef de service, CHU Clermont-Ferrand, université Clermont Auvergne

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