- 1. Historique : un trypanosome en quête de sa maladie
- 2. Une zoonose très répandue en Amérique, une maladie humaine négligée
- 3. Nosographie et diagnostic de la maladie humaine
- 4. Un traitement en quête de progrès
- 5. La prévention par la lutte contre les insectes vecteurs
- 6. Le passage de l'animal à l'homme
- 7. La domestication puis la grande migration de « Triatoma infestans »
- 8. L'évolution contemporaine des scénarios de transmission
- 9. Bibliographie
TRYPANOSOMIASE AMÉRICAINE ou MALADIE DE CHAGAS
Nosographie et diagnostic de la maladie humaine
La maladie débute chez l'homme par une phase aiguë le plus souvent bénigne puis elle devient totalement asymptomatique. De ce fait, un grand nombre de patients ignorent qu'ils sont infectés par T. cruzi. Seul le signe de Romaña, quand il est présent, est très évocateur de la maladie. Après des années de phase asymptomatique, environ 30 p. 100 des patients entrent dans la phase chronique qui affecte principalement le cœur. La cardiopathie chagasique chronique (CCC) est la principale complication tardive de l'infection. Chaque année, environ 2 à 5 p. 100 des patients en phase asymptomatique passent au stade de CCC. Les circonstances de son dépistage sont le plus souvent en rapport avec un trouble du rythme (palpitations, syncope) ou une symptomatologie d'insuffisance cardiaque (dyspnée d'effort). La CCC présente un pronostic plus défavorable que les autres cardiopathies de l'adulte. La mort subite, et dans une moindre mesure l'insuffisance cardiaque progressive sont les principales causes de décès. Les atteintes du tube digestif sont plus fréquentes dans les régions endémiques situées au sud de l'Amazonie. La destruction du système nerveux végétatif chargé du bon fonctionnement du tube digestif entraîne des troubles du péristaltisme à l'origine de mégaorganes (mégaœsophage et mégacôlon).
Jusqu'à ces dernières années, le diagnostic de la maladie de Chagas, en particulier dans les formes chroniques asymptomatiques, était difficile. Il repose sur la détection d'anticorps spécifiques ou du parasite dans le sang. La détection d'anticorps de type IgG dirigés contre le parasite est la base du diagnostic. Comme aucune des techniques sérologiques n'a une sensibilité et une spécificité égales à 100 p. 100, il est recommandé d'appuyer le diagnostic sur deux méthodes sérologiques utilisant des antigènes différents. La recherche d'anticorps IgM est justifiée dans les formes aiguës et dans le dépistage des formes congénitales où leur présence témoigne de la contamination du nouveau-né. La recherche du parasite dans le sang ne permet le diagnostic que lorsque la parasitémie est élevée, surtout lors de la phase aiguë, en particulier lors de formes congénitales. Le xénodiagnostic, qui consiste à alimenter des triatomes exempts d'infection par le sang du patient puis à examiner les déjections des insectes un mois après (le parasite prolifère dans le tube digestif de l'insecte), est une technique sensible mais peu utilisée de nos jours depuis la mise au point de la PCR. Cette méthode d'amplification génique de fragments d'ADN parasitaire se révèle particulièrement performante dans le diagnostic et le suivi des formes congénitales.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- François NOIREAU : médecin, directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement, expert à l'Organisation mondiale de la santé, Organisation panaméricaine de la santé
Classification
Médias
Autres références
-
FLAGELLÉS
- Écrit par Robert GAUMONT
- 4 582 mots
- 9 médias
Trypanosoma cruzi, dont le cycle est bien connu, détermine chez l'homme la maladie de Chagas qui sévit en Amérique du Sud. Les trypanosomes qui se trouvent dans le sang de l'homme pénètrent dans les fibres musculaires où ils prennent la forme amastigote ; celle-ci se multiplie et se répand dans divers... -
GNF6702, INHIBITEUR DE PROTÉASOMES
- Écrit par Gabriel GACHELIN
- 1 995 mots
- 4 médias
Un trypanosome différent, Trypanosomacruzi, transmis par des punaises, provoque la maladie de Chagas, qui s’étend, si l’on ne retient pas les cas d’importations liés à la mobilité des populations latino-américaines, du sud des États-Unis à la frontière argentine : cent millions de personnes sont directement... -
MALADIES À VECTEURS
- Écrit par Gabriel GACHELIN
- 4 824 mots
- 4 médias
Deux exemples permettent de percevoir la complexité des problèmes posés par le contrôle des maladies à vecteurs. Dans le cas de la maladie de Chagas (ou trypanosomiase sud-américaine), le pathogène est Trypanosomacruzi, le vecteur est une punaise de genre Triatoma ou Rhodnius. Le réservoir... -
TRYPANOSOMIASE AFRICAINE ou MALADIE DU SOMMEIL
- Écrit par Robert DURIEZ
- 1 574 mots
Il existe en Amérique du Sud et en Amérique centrale une autre trypanosomiase humaine, maladie de Chagas du nom de son découvreur brésilien de 1909. Cette maladie est provoquée par Trypanosoma cruzi et transmise par les déjections de punaises des genres Rhodnius ou Triatoma. Le réservoir naturel...