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TÚ DÚC (1830-1883) empereur d'Annam (1848-1883)

Sous le règne de Tú dúc, le Vietnam souffre d'exactions de bandes de pirates chinois jusqu'en 1851, de brigandage, de soulèvements (en particulier en 1854, 1862, 1874), mais le fait le plus marquant est l'intervention coloniale française. Dès son avènement, Tú dúc applique au pays une politique d'isolement rigoureux, refusant tout contact, même commercial, avec le monde extérieur. Il se refuse à une modernisation des institutions politiques et de la vie économique. Il aggrave la politique antioccidentale de ses prédécesseurs et les persécutions contre les catholiques (les édits de 1848 et de 1851 ordonnent la mise à mort et le bannissement des prêtres vietnamiens). En 1858, l'exécution de missionnaires provoque une expédition répressive franco-espagnole. En 1859, les Français occupent Saigon que l'armée vietnamienne essaie de reprendre, ce qui entraîne une intervention française. En 1862, Tú dúc cède à la France, par le traité du 5 juin, les provinces orientales de Cochinchine, puis, en 1867, la Cochinchine occidentale. Il est forcé d'ouvrir Hanoi, Haiphong, Qui-nhon et le fleuve Rouge au commerce international. Ses reculs devant la France provoquent une révolte de lettrés et de mandarins contre la cour de Huê. En 1882, Hanoi est occupé par les Français et, en 1883, débute l'expédition du Tonkin. Lorsque Tú dúc meurt, le patrimoine national est sérieusement amputé. Le conservatisme étroit de l'empereur en politique étrangère fut une des causes de la perte de l'indépendance du Vietman. On doit cependant porter à son crédit une grande activité intellectuelle. Il a laissé des poèmes dont une pièce en nôm dans laquelle il pleure sa favorite, Bàng-phi. Il fit composer les grandes annales appelées Textes et explications formant le miroir complet de l'histoire viêt, qui contiennent des commentaires de Tú dúc lui-même ainsi que la meilleure géographie vietnamienne, le Dai Nam Nhât thông chi. Sur le plan intérieur, il tenta d'encourager la colonisation agricole des terres vierges et, en 1883, décida de remplacer par une rente les apanages fonciers de la noblesse, qui durent être remis aux communes pour être partagés entre les paysans.

— Pierre-Bernard LAFONT

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