TUBERCULOSE
Histoire de la tuberculose
Ancienneté de la maladie
La maladie tuberculeuse semble bien avoir existé de tout temps. Cette ancienneté est attestée par trois types de documents : des vestiges humains, des représentations artistiques anthropomorphes, quelques textes médicaux faisant état de symptômes ou de syndromes dont tous n'appartiennent pas, bien entendu, à la tuberculose. L'anthropologie préhistorique, étayée par les techniques les plus récentes de la paléopathologie, a permis de retrouver des traces de tuberculose osseuse remontant au moins à l'époque néolithique, aussi bien dans le Nouveau Monde que dans l'Ancien Monde. En 2005, une équipe de l'Institut Pasteur menant l'analyse génétique de souches responsables de tuberculose humaine en Afrique de l'Est a fait remonter à 3 millions d'années l'ancêtre de Mycobacterium tuberculosis.
La tuberculose n'était pas très fréquente dans l'Égypte pharaonique. L'égyptologue Ruffer a néanmoins étudié une forme vertébrale de tuberculose sur une momie de la XXIe dynastie (vers l'an 1000 av. J.-C.). En ce qui concerne les formes pulmonaires, les documents anatomiques sont moins convaincants, car le rituel de la momification exigeait que les viscères fussent extirpés du cadavre pour être placés dans des vases canopes où ils se sont mal conservés. Cette rareté de la tuberculose en Égypte s'explique sans doute par le fait que ce pays chaud et sec jouit d'un climat qui était déjà, dans l'Antiquité, réputé favorable aux phtisiques. Les documents sont plus rares encore chez les Mésopotamiens qui nous ont laissé peu de vestiges humains. Sur les tablettes médicales rédigées en caractères cunéiformes, les descriptions sont, dans l'ensemble, peu explicites.
La Bible non plus que le Talmud ne contiennent aucune description de la tuberculose chez l'homme, bien que cette infection figure parmi les nombreux châtiments dont le Tout-Puissant menace son peuple en cas d'infraction à ses commandements (Lévitique, Deutéronome).
On retrouve la piste de l'infection tuberculeuse dans les textes anciens qui proviennent de l'Orient asiatique. L'Inde antique voyait dans cette infection un stigmate d'impureté, transmissible aux descendants, comme en témoigne la loi religieuse de Manou qui date approximativement de 1200 avant J.-C. La littérature de l'Extrême-Orient, notamment celle de la Chine, traite abondamment et sur une période très étendue de la tuberculose, qui était, en général, considérée comme contagieuse.
Il faut toutefois préciser que les connaissances des Anciens sur cette maladie étaient extrêmement sommaires. Ils n'avaient en vue qu'une maladie consomptive à évolution prolongée qu'ils appelaient « phtisie » et qui englobait manifestement la tuberculose ulcéreuse et cavitaire des poumons, mais aussi les pleuropneumopathies suppurées chroniques non tuberculeuses. Cette notion de phtisie, qui s'est développée principalement chez les Grecs et chez les Romains, est donc très ancienne. Cependant, elle n'a été rattachée à la maladie tuberculeuse qu'au xixe siècle. Ainsi, chaque fois qu'un auteur ancien parle de phtisie, il évoque certainement un cadre pathologique très vaste, débordant largement celui de la tuberculose ; il omet en outre des formes particulières de la maladie, comme les primo-infections, les formes miliaires aiguës ou les tuberculoses fibreuses.
De la phtisie à la tuberculose pulmonaire
Plusieurs auteurs de l'Antiquité gréco-latine se sont attachés à décrire une maladie amaigrissante au long cours dénommée, suivant les uns, « phtisie », suivant les autres, « tabes ».Ainsi Hippocrate (ve-ive s. av. J.-C.) fait mention d'infections bronchopulmonaires et pleurales à évolution très lente, parmi lesquelles les consomptions d'origine[...]
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Écrit par
- Jean BRETEY : professeur honoraire à l'Institut Pasteur, membre de l'Académie de médecine
- Charles COURY : professeur honoraire à la faculté de médecine de Paris, chaire d'histoire de la médecine
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