TUBERCULOSE
Article modifié le
Où et qui la tuberculose frappe-t-elle ?
Géographie de la maladie
La morbidité – c’est-à-dire la « charge » des conséquences et séquelles induites par la BK – est fortement associée aux conditions socio-économiques. Son taux d’incidence – c’est-à-dire le nombre de nouveaux cas rapportés à la taille de la population cible – varie considérablement selon les pays. Par ailleurs, bien que plusieurs comorbidités puissent augmenter le risque de développer la TB, le VIH constitue un facteur de risque majeur qui contribue au fardeau de la TB en Afrique subsaharienne particulièrement. Les différentes régions du monde sont confrontées à des défis spécifiques – selon les ressources disponibles localement et l’accès de la population à celles-ci – concernant leurs propres stratégies de prévention, de diagnostic et de traitement face aux recommandations de l’OMS, qui sont, elles, définies à un niveau mondial.
Le rapport de l’OMS paru en 2023 concernant les données épidémiologiques mondiales de la TB en 2022 dresse un tableau précis de la maladie dans le monde et définit les tendances de son évolution. Ainsi, le nombre estimé de personnes nouvellement infectées est d’environ 10,6 millions dans le monde (55 % d’hommes, 33 % de femmes et 12 % d’enfants de moins de 15 ans), avec une augmentation annuelle constante depuis 2020. Cette hausse estimée peut s’expliquer par les restrictions d’accès aux services de lutte antituberculeuse lors de la pandémie de la Covid-19, qui ont entraîné des retards de diagnostic et une plus forte transmission communautaire.
De plus, il existe encore de grands écarts entre le nombre estimé de personnes qui développent une TB chaque année (cas incidents) et le nombre de personnes diagnostiquées pour la première fois et officiellement signalées aux autorités nationales (cas notifiés), reflétant un mélange de sous-diagnostic des personnes atteintes de TB et de sous-déclaration des personnes diagnostiquées. En 2022, globalement, 7,5 millions de personnes ont été officiellement notifiées comme nouvellement diagnostiquées avec une TB. Il s’agit là d’un rebond par rapport aux données disponibles avant la pandémie de la Covid-19 (7,1 millions en 2019) en même temps que le plus grand chiffre annuel documenté par l’OMS depuis l’instauration de la surveillance de la TB en 1995.
Sur le plan géographique, la plupart des nouveaux patients vivent dans les régions d’Asie (46 %), d’Afrique (23 %) et du Pacifique occidental (18 %). Une plus petite proportion provient de la région méditerranéenne orientale (8,1 %), d’Amérique (3,1 %) et d’Europe (2,2 %). La gravité des épidémies nationales de TB, en termes de nombre de cas incidents pour 100 000 habitants par an, varie considérablement selon les pays, allant de moins de 10 à plus de 500 nouveaux cas et rechutes. Les huit pays les plus touchés par la TB en 2022 représentaient plus des deux tiers du total mondial des cas incidents : l’Inde (27 %), l’Indonésie (10 %), la Chine (7,1 %), les Philippines (7,0 %), le Pakistan (5,7 %), le Nigeria (4,5 %), le Bangladesh (3,6 %) et la République démocratique du Congo (3,0 %). Alors que l’Inde, l’Indonésie et les Philippines avaient contribué de manière importante à la baisse mondiale du nombre de personnes diagnostiquées pour la première fois pour une TB en 2021, ces pays ont retrouvé en 2022 des niveaux supérieurs à ceux de 2019, sans doute en raison de la poursuite des prises en charge et de la récupération des diagnostics retardés à la suite de la pandémie de Covid-19.
Le nombre de décès annuels liés à la TB était estimé à 1,3 million en 2022, dont 167 000 personnes vivant avec le VIH (PVVIH), un facteur de risque majeur de contracter la TB. Parmi tous les cas incidents de TB, 6,3 % étaient des PVVIH. Néanmoins, la proportion de ces derniers qui présentent[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean Cyr YOMBI : professeur, chef de service de médecine interne et maladies infectieuses aux cliniques universitaires Saint-Luc de Bruxelles (Belgique), coordinateur du centre de référence VIH/SIDA
- Émilie DUPONT : infectiologue au sein du service de médecine interne générale et maladies infectieuses du Grand hôpital de Charleroi (Belgique), consultante externe aux cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles (Belgique)
Classification
Médias
Autres références
-
ACTINOMYCÈTES
- Écrit par Hubert A. LECHEVALIER
- 3 451 mots
- 4 médias
Les deux maladies humaines les plus sérieuses causées par des Actinomycétales sont latuberculose (Mycobacterium tuberculosis et autres mycobactéries) et la lèpre (Mycobacterium leprae). Secondes en importance sont les actinomycoses humaines et animales causées par plusieurs espèces d'... -
ANTHROPOLOGIE DES ZOONOSES
- Écrit par Frédéric KECK et Christos LYNTERIS
- 3 955 mots
- 4 médias
...faut anticiper pour en limiter les effets sur les humains, ce peut être une occasion de prendre le point de vue des animaux pour les protéger. Ainsi la tuberculose des éléphants est une « zoonose inversée » : Mycobacteriumtuberculosis s’est transmise des humains aux éléphants au Laos du fait... -
ANTIBIORÉSISTANCE
- Écrit par Aurélie CHABAUD , Sylvain MEYER et Marie-Cécile PLOY
- 5 907 mots
- 4 médias
Parmi les bactéries présentant une menace pour la santé mondiale, le bacille de Koch, l’agent de latuberculose humaine et animale, tient probablement la place la plus importante. C’est, en effet, une cause majeure de mortalité dans le monde avec près de 1,8 million de décès en 2020 (données... -
ANTIBIOTIQUES
- Écrit par Aurélie CHABAUD , Sylvain MEYER et Marie-Cécile PLOY
- 6 760 mots
- 6 médias
Le cas des antibiotiques actifs contre le bacille de Koch(responsable de la tuberculose) est particulièrement complexe. La composition de la paroi, riche en acide gras, lipides et cires hautement spécifiques des bactéries du groupe tuberculosis, complique la traversée des antibiotiques classiques... - Afficher les 35 références