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TUMBUKA

Appartenant au groupe central des populations bantou, les Tumbuka occupent, mêlés aux Ngoni (Nguni), la partie nord du Malawi et l'est de la Zambie. Ils se répartissent en quatre groupes principaux : Tumbuka proprement dits, Kamanga, Henga et Sisga. Les Tonga de la rive ouest du lac Nyassa leur sont apparentés par la langue et la culture. Nombre des institutions des Tumbuka ont été affectées lors de la période précoloniale : vers 1780, une fédération se constitue, le royaume de Nkamanga, sous l'égide d'immigrants venus de l'Est pour chasser l'éléphant et faire le commerce de l'ivoire ; en 1855, les conquérants ngoni établissent leur domination sur les Tumbuka, instaurent une longue période de révoltes et de guerres intestines ; les colonisateurs britanniques favoriseront, bien que le processus d'assimilation des coutumes et du style de vie des Ngoni fût largement engagé, le rétablissement des institutions et de la chefferie tumbuka.

L'économie des Tumbuka associe élevage du petit bétail et agriculture. Le maïs, le mil et les fèves sont les principales cultures de subsistance ; les champs sont défrichés avec soin, en plusieurs étapes, et le buttage est pratiqué. Le coton, le café, le tabac et l'arachide sont les principales cultures commerciales. Autrefois, la chasse à l'éléphant, menée collectivement, constituait une activité importante valorisée par de nombreuses cérémonies et activités rituelles. Les Tumbuka étaient des forgerons réputés, ils fournissaient en armes et en outils de métal les groupes voisins ngoni, bisa et senga.

L'organisation sociale des Tumbuka présente des aspects différenciés, en fonction de l'impact plus ou moins profond qu'ont eu le royaume de Nkamanga et la conquête ngoni sur les différentes communautés. Vers 1950, trois types d'organisation familiale subsistaient. Dans le Sud, les structures les plus anciennes avaient survécu : filiation matrilinéaire et résidence matrilocale ; faible compensation matrimoniale ; héritage et succession de l'oncle au neveu. Au Nord, depuis le royaume de Nkamanga, la filiation patrilinéaire dominait ; le mariage se faisait dans le village de l'épouse, puis, après un court séjour, le couple retournait dans le village du mari ; quant à la compensation matrimoniale, elle était élevée : l'héritage, en ligne paternelle, allait d'abord du frère aîné aux cadets, puis à la génération suivante. Enfin, là où l'influence ngoni a été la plus forte, la filiation patrilinéaire est la règle, et la pratique de la résidence patrilocale s'applique de manière stricte ; la compensation matrimoniale (lobola) est payée en bétail, et son montant est très élevé ; la polygynie sororale, le lévirat et le mariage préférentiel des cousins croisés sont pratiqués.

Avant le royaume de Nkamanga et la conquête des Ngoni, le peuple tumbuka ne s'était pas donné d'organisation politique centralisée ; dans les villages se tenait un conseil d'anciens relativement informel. Au xixe siècle, la stratification sociale s'était accentuée ; l'esclavage pour dettes existait et les Ngoni avaient réduit les communautés villageoises à une situation proche du servage. En grande partie christianisés aujourd'hui par les missions protestantes, les Tumbuka possédaient autrefois une religion très élaborée, avec la pratique du culte des ancêtres. Un dieu suprême, Chiuta, était placé au sommet d'un panthéon peuplé de nombreuses divinités, et il existait des cultes locaux. La sorcellerie est toujours très développée dans cette société : des devins assurent la détection des sorciers et les suspects sont soumis à des ordalies. L'initiation pratiquée pour les filles et pour les garçons ne fait pas, comme chez les Maravi, l'objet d'importantes cérémonies.[...]

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Écrit par

  • : chargé de cours à l'université de Paris-VIII, assistant de recherche à l'École pratique des hautes études

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