TUNNEL SOUS LA MANCHE
Le financement du tunnel sous la Manche
Le plan de financement initial du tunnel sous la Manche est bouclé en 1987 pour quelque 60 milliards de francs (9,1 milliards d’euros), dont une réserve de 10 milliards de francs (1,5 milliard d’euros) pour pallier les aléas du chantier. C’est alors le plus important financement d’infrastructure de transport exclusivement privé.
Ce plan de financement est composé d’un capital de 10 milliards de francs (1,5 milliard d’euros) et d’emprunts à hauteur de 50 milliards de francs (7,6 milliards d’euros). Le coût de la construction, évalué à 28 milliards de francs (4,3 milliards d’euros), représente alors moins des deux tiers du total (hors réserve). Le solde comprend les frais financiers et généraux et une provision pour inflation.
Ce plan de financement se révèle très insuffisant pour faire face aux dépassements de coûts et de délais du programme, qui apparaissent dès 1988. Actionnaires et prêteurs doivent augmenter leurs engagements. En 1994, le coût total du tunnel sous la Manche s’élèvera en fait à près de 100 milliardsde francs (15 milliards d’euros).
Les actionnaires
Les fonds propres sont constitués en mai 1986 (capital 1) par une avance des quinze entreprises de construction et banques fondatrices, puis par des augmentations du capital. Les fondateurs deviennent minoritaires à la suite d’un placement privé auprès d’investisseurs institutionnels, en octobre 1986 (capital 2). L’introduction en Bourse de 1987 (capital 3), juste après le krach du 19 octobre, lève de justesse les fonds prévus. Enfin, les augmentations de capital de 1990 et 1994 portent les fonds propres d’Eurotunnel à 23 milliards de francs (3,5 milliards d’euros), plus du double du montant de 10 milliards de francs prévu à l’origine.
Dès son introduction en Bourse, Eurotunnel séduit davantage d’actionnaires individuels français que britanniques. Au 1er juin 1994, 430 000 actionnaires étaient français et 200 000 britanniques. Ce déséquilibre va s’accentuer avec les difficultés financières d’Eurotunnel.
Les prêteurs
Le reste du financement est assuré par des prêts consentis par un syndicat bancaire comprenant plus de 220 établissements. Ce consortium réunit les prêts nécessaires au financement initial de l’ouvrage, puis les sommes supplémentaires liées à l’augmentation des coûts (quelque 17 milliards de francs – 2,6 milliards d’euros), portant le total des emprunts à 67 milliards de francs (10,2 milliards d’euros). Fin 1987, les banques japonaises assurent près de 25 p. 100 du financement, suivies des banques françaises pour 18 p. 100. Les établissements allemands représentent 12,6 p. 100 et les britanniques 9,4 p. 100.
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Écrit par
- Laurent BONNAUD : docteur en histoire
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