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TURCS

Des Tukue aux Ouïgours

Parmi les voisins orientaux des Xiongnu, les Xianbei, longtemps considérés comme des Toungouses, seraient peut-être des Turcs : ils ont fondé plusieurs dynasties, notamment celle des Wei en Chine du Nord (386-584). Après eux apparaissent ceux à qui les sources chinoises donnent le nom de Tukue (ou Türküt), dans lequel il faut reconnaître le mot « turc ». Les Tukue ont fondé un État dans la région du haut Orkhon, peu avant le milieu du vie siècle : leur premier grand chef, Boumin, prit le titre (probablement mongol) de qagan (souverain). Après sa mort, son fils aîné, Muhan, gouverna la Mongolie tandis que le cadet, Istémi, régnait sur la Dzoungarie et le Haut-Irtych et fondait la dynastie des Tukue occidentaux. Istémi étendit sa domination vers l'ouest, conquit la Sogdiane (alors grand entrepôt de la soie entre l'Extrême-Orient et le Proche-Orient) et fut même en relation avec l'empereur byzantin Justin II. Après une période où s'instaura la domination chinoise, l'État des Tukue redevint puissant au viiie siècle, notamment sous les règnes de Qoutlouq et de Bilghè Qagan : c'est de cette période que datent les fameuses inscriptions de l'Orkhon (715 et 735), premiers documents authentiques en langue turque, qui se rapportent plus spécialement aux Tukue orientaux, ou Turcs célestes (Kök Türk), et fournissent de précieux renseignements sur l'histoire et la civilisation des Tukue. On a longtemps admis que le mot türk (ou türük) signifiait « force, vigueur » ; les études les plus récentes permettent de montrer que ce mot s'applique essentiellement à un peuple, et c'est pour désigner celui-ci que les Arabes ont repris ce terme, lui donnant un sens péjoratif (« fruste », « grossier »).

D'autres peuples que les Tukue se rattachaient au groupe türk, et parmi eux les Oghouz, les Qarlouq, les Kirghiz et les Ouïgours (Uigur). Ces derniers, établis sur l'Orkhon, ont succédé en 744 aux Turcs célestes et ont créé un empire qui a duré un siècle, jusqu'à sa destruction par les Kirghiz en 840 : certains Ouïgours se sont alors repliés vers le nord du Turkestan chinois, à Beshbaliq, où ils sont demeurés jusqu'au xive siècle ; d'autres ont émigré en Chine, dans la région du Gansu : ils sont à l'origine des Sari Ouygur (Ouïgours jaunes). Le groupe principal des Ouïgours s'est établi dans le Turkestan chinois et y a créé un État qui s'est étendu jusqu'au Turkestan occidental, lequel a été alors turquifié. L'État ouïgour a connu une civilisation brillante, marquée par la création d'une littérature nationale, écrite en caractères sogdiens et non plus en caractères runiques, et enrichie par des textes traduits du chinois ou du sanscrit.

D'autre part, vers la fin du viiie siècle, les Ouïgours se convertirent du chamanisme au manichéisme, et connurent aussi le bouddhisme et le nestorianisme, religions envers lesquelles ils se montrèrent tolérants. Les Ouïgours ont facilité aux Turcs le contact avec les civilisations voisines de l'Inde et surtout de la Transoxiane et de l'Iran où l' islam avait déjà fait son apparition.

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I

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1000 à 1100. Seldjoukides - crédits : Encyclopædia Universalis France

1000 à 1100. Seldjoukides

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