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TURKMÈNES

Organisation sociale traditionnelle

Autrefois, chaque concentration de yourtes nomades ne comprenait qu'un seul sous-groupe. La solidarité était fondée sur les liens de parenté ; chaque chef de famille était, en principe, sur un plan d'égalité avec les autres. L'autorité reposait sur la loi écrite musulmane (shariat) et sur la loi orale (adat) représentant la tradition et que les vieux (aksakal) étaient chargés de faire appliquer.

La sédentarisation a transformé l'organisation tribale. Celui qui contrôle l'eau assure sa suprématie et augmente ses propriétés. Les terres molk, les meilleures, près de l'eau, sont propriétés privée ; les terres sanachik, non irriguées, appartiennent à tous et leur partage avait lieu une fois l'an. Seul, l'homme marié obtient le droit à la terre et à l'eau. Le père de la jeune fille exige une dot (kalym) comme « remboursement des frais engagés pour élever la fiancée ». La polygynie permet à l'homme d'obtenir autant de parts d'eau qu'il a d'épouses. Certaines familles arrangent des mariages entre leurs enfants encore en bas âge (kudalyk), et il arrive que le fiancé doive travailler pour son beau-père (kaitarma).

La colonisation russe a provoqué une aggravation du processus de concentration des terres. De 1914 à 1917, le nombre des paysans sans terres a triplé, tandis que 5 p. 100 des exploitants détiennent le tiers des terres. Le mirab chargé de la répartition de l'eau ainsi que le chef du village qui entretient des rapports avec l'administration soutiennent les gros propriétaires. L'augmentation de l'exportation du coton et des tapis produit un renchérissement de la femme, dont le prix varie avec les cours du coton. La femme, devenue un objet de production, est contrainte à la réclusion et perd complètement la liberté dont elle jouissait autrefois.

Les femmes ne participent jamais aux travaux de l'agriculture. Les jeunes filles sont données souvent à des familles déjà apparentées, pour réduire les frais du mariage ; la femme d'un homme décédé peut être donnée à un jeune frère du défunt ( lévirat). Les fils doivent prendre femme dans l'ordre d'âge. Le moment de la circoncision des garçons, de sept à douze ans, ainsi que les mariages sont l'occasion de grandes fêtes très dispendieuses. Les hommes sachant lire et écrire sont rares et portent le titre de mullah.

Les paysans cultivent surtout le blé et le millet, le sésame, des légumes, des melons et des pastèques. Des canaux principaux amènent l'eau des fleuves à une série de canaux secondaires ; la distribution de l'eau dans ceux-ci est soumise à une répartition horaire. Il existe aussi des karez, canaux souterrains au pied des collines. Des norias, des troncs basculants remontent l'eau. Les champs sont bordés de petits mûriers qui servent à l'élevage du ver à soie.

La terre est cultivée par des ouvriers agricoles payés à l'année ou par des métayers qui gardent le sixième de la récolte, ainsi que par de nombreux journaliers.

Le métayage contribue à maintenir les techniques primitives d'agriculture et le bas niveau des rendements. Les instruments agricoles sont rudimentaires, faute de capitaux : araire (manche-sep de bois avec soc en fonte), planche à écraser, faucille.

Avec l'introduction du coton égyptien à longues fibres, l'économie s'est transformée. De 1890 à 1914, les exportations de coton sont multipliées par quatorze, autant que les importations de produits alimentaires.

Les Turkmènes, qui ont abandonné la vie nomade dès le milieu du xixe siècle, élèvent de grands troupeaux de moutons karakul pour la fourrure. Ceux-ci sont confiés à des bergers professionnels qui, l'été, les emmènent dans la steppe, près de puits profonds. Les fourrures sont vendues aux enchères, à Londres et à[...]

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