TURQUIE
Nom officiel | République de Turquie (TR) |
Chef de l'État et du gouvernement 1 | Recep Tayyip Erdogan (depuis le 28 août 2014)
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Capitale | Ankara |
Langue officielle | Turc |
Unité monétaire | Livre turque (TRY) |
Population (estim.) |
86 187 000 (2024) |
Superficie |
769 604 km²
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Naissance de la République turque
Née de l'effondrement de l'Empire ottoman et de la lutte pour l'indépendance et l'intégrité du sol national, la République turque doit surtout son existence à la volonté d'un homme, Mustafa Kemal (appelé plus tard Atatürk), acharné à faire de son pays un État viable et moderne, libéré de toute tutelle étrangère. Sa mort, en 1938, a interrompu trop tôt une œuvre ambitieuse que la Seconde Guerre mondiale a contribué à freiner et à transformer. Au régime du parti unique a succédé en 1945 le régime multipartite qui a permis au Parti démocrate de conquérir le pouvoir en 1950. Mais les excès, à la fois autoritaires et démagogiques, des dirigeants démocrates, ont conduit au coup d'État du 27 mai 1960, qui n'a finalement apporté que peu de changements, alors que nombre de Turcs en attendaient beaucoup. Depuis, la stagnation, l'immobilisme en matière politique et sociale ont eu pour conséquence, en même temps qu'un renouveau très sensible de la religion, l'apparition de mouvements de gauche dont l'action parfois violente a provoqué l'alliance des tenants d'un kémalisme, lointain et dépassé, et ceux d'un certain ordre préconisé par la bourgeoisie possédante.
De la lutte pour l'indépendance à la République
Au lendemain de l'armistice de Moudros (30 oct. 1918), qui consacre la défaite ottomane, les Alliés occupent certaines parties de l'Anatolie et de la Thrace, ainsi que Constantinople ; le traité de Sèvres consacre la désintégration de l'Empire ottoman et de la Turquie. Contre cette réduction du sol national à une partie du plateau anatolien s'élève Mustafa Kemal, brillant officier durant la guerre, qui se révèle vite un grand politique. Les Grecs ayant envahi l'Asie Mineure en 1920, Mustafa Kemal mène contre eux et leurs alliés anglais la guerre d'indépendance (1920-1922) ; les victoires remportées sur les Grecs permettent aux Turcs, par le traité de Lausanne (24 juill. 1923), de retrouver leurs frontières de Thrace et d'obtenir la libération totale de leur pays ; en outre, les populations grecques de Turquie (sauf à Constantinople) et turques de Grèce doivent être échangées ; les capitulations sont abrogées.
Déjà, avant même le déclenchement du conflit avec la Grèce, Mustafa Kemal avait condamné le gouvernement impérial et rejeté son autorité ; après les deux congrès tenus à Erzurum (Erzouroum) et à Sivas (juill.-sept. 1919), il avait réuni à Ankara, le 23 avril 1920, une Grande Assemblée nationale (GAN), qui décida de son caractère représentatif de la nation turque, de l'exercice des pouvoirs législatif et exécutif et qui délégua ses pouvoirs à un Conseil des ministres dont le président fut Mustafa Kemal : ce fut le premier gouvernement national, contre lequel le sultan et son grand vizir envoyèrent en vain des troupes. La victoire des nationalistes entraîna la disparition du gouvernement impérial en 1922.
Les élections à la deuxième Grande Assemblée nationale (juin-août 1923) marquèrent le triomphe total des partisans de Mustafa Kemal, organisés en Parti du peuple : le 29 octobre 1923 fut proclamé l'avènement de la République turque, dont Mustafa Kemal fut aussitôt élu président ; il désigna son principal lieutenant, Ismet Inönü, comme président du Conseil des ministres. La capitale du nouvel État fut fixée à Ankara. Enfin, le 3 mars 1924, fut votée l'abolition du califat. Il fallait maintenant construire une nouvelle Turquie.
L'organisation du régime républicain
Durant les quinze années qui séparent la proclamation de la république de la mort de Mustafa Kemal (10 nov. 1938), celui-ci s'est consacré avec une volonté farouche à la tâche de reconstruire le pays, soutenu par un peuple auquel il avait rendu son honneur et sa fierté. En créant un[...]
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Écrit par
- Michel BOZDÉMIR : professeur émérite de langue et civilisation turques
- Ali KAZANCIGIL
: politologue, essayiste, directeur de la revue
Anatoli : de l'Adriatique à la Caspienne - Robert MANTRAN : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
- Élise MASSICARD : directrice de recherche CNRS/CERI Sciences Po
- Jean-François PÉROUSE : enseignant-chercheur, université de Toulouse Jean Jaurès
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
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