
Nom officiel | République de Turquie |
Chef de l'État et du gouvernement | Recep Tayyip Erdogan - depuis le 28 août 2014 |
Capitale | Ankara |
Langue officielle | Turc |
Population |
85 325 965 habitants
(2023) |
Superficie |
785 350 km²
|
Article modifié le
Après le régime militaire (1980-1983), une certaine normalisation s’esquisse dans la décennie 1980, avec un retour à un régime civil mais néanmoins sécuritaire. Les années 1991-2002 sont caractérisées par une grande instabilité politique et un accroissement des tensions. En 2002, l’arrivée au pouvoir d’un nouveau parti islamiste modéré modifie profondément le système politique : la stabilité de la majorité permet d’engager des réformes majeures, notamment de diminuer le poids de la tutelle militaire sur le jeu politique. Cela ouvre la voie, au tournant des années 2010, à un affaiblissement de tous les contre-pouvoirs – puis à une transformation du régime, qui se présidentialise. Alors que la fin de la guerre froide marque un changement et un essor du poids stratégique de la Turquie, l'économie est dynamisée par sa libéralisation, malgré de nombreuses fragilités.
Bien qu’il prenne fin en 1983, le régime militaire a défini des équilibres institutionnels qui lui survivent. En effet, la Constitution de 1982 reste en vigueur, même si elle a été significativement amendée à plusieurs reprises. Durant les années 1980, l'armée retourne dans ses casernes, mais continue à exercer une forme de tutelle sur la vie politique.
Ainsi, la Constitution n’accorde aucune protection aux idées et aux opinions contraires aux intérêts nationaux et au principe de l’indivisibilité du pays, ainsi qu’à ses valeurs historiques et morales. Ces restrictions ont pour effet de placer à la frontière du jeu politique légitime des mouvements entiers – notamment de gauche, islamistes, ou nationalistes kurdes – qui font face à de fréquentes interdictions judiciaires. Plus largement, la sécurité et l'intégrité nationale sont considérées comme des valeurs suprêmes, supérieures à la démocratie ou à l’État de droit.
Le régime instauré par la nouvelle Constitution, a été qualifié de « sécuritaire » pour mettre en avant l’importance de l’idéologie de la sécurité nationale dans son fonctionnement. Au niveau institutionnel, elle octroie aux institutions de sécurité, et en premier lieu à l’armée, un rôle unique dans le système politique. L’armée turque assure un contrôle important sur la vie politique, en particulier à travers le Conseil national de sécurité (MGK, Milli Güvenlik Kurulu), que la Constitution de 1982 renforce considérablement. Composé des cinq chefs des forces armées et de quatre responsables élus (dont le président de la République et le Premier ministre), il a pour fonction d’être le garant de la raison d’État et de la sécurité nationale. Il a longtemps imposé sa loi aux gouvernements, statuant sur divers sujets – de la politique étrangère aux privatisations, en passant par la lutte contre la criminalité... Dans la mesure où ses décisions, non susceptibles d’appel, s’imposent au gouvernement, ses fonctions dépassent celle d’un simple organe de conseil ; on a souvent parlé à son sujet de gouvernement parallèle. Plusieurs autres pouvoirs non élus exercent une influence sur les institutions représentatives et les gouvernements élus. En particulier, la vie politique est placée sous la surveillance de multiples instances juridiques, et dans les hautes juridictions dominent les milieux kémalistes proches de l’armée. Ainsi, la compétence du Parlement à faire la loi est soumise au contrôle partiel du président (qui n’est pas nécessairement un député) et du pouvoir judiciaire. Le président peut en effet renvoyer certaines lois devant le Parlement, ou transmettre celles qui lui paraissent violer des principes fondamentaux du régime à la Cour constitutionnelle, dont il sélectionne les membres.
Cependant, le contrôle des tutelles militaire et judiciaire ne s'étend pas[...]
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