TURQUIE
Nom officiel | République de Turquie (TR) |
Chef de l'État et du gouvernement 1 | Recep Tayyip Erdogan (depuis le 28 août 2014)
|
Capitale | Ankara |
Langue officielle | Turc |
Unité monétaire | Livre turque (TRY) |
Population (estim.) |
86 187 000 (2024) |
Superficie |
769 604 km²
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Littérature
Après l'installation des Turcs seldjoukides en Anatolie à la suite de la bataille de Mantzikert en 1071, un double champ de culture se dessina : d'une part, celui des paysans et des nomades qui, malgré leur islamisation, restèrent fermement attachés à la langue populaire, à une littérature orale et aux traditions centre-asiatiques ; de l'autre, la culture des seigneurs et des lettrés citadins qui, ayant pour objectif principal d'étendre leur emprise sur les voies commerciales d'Orient et d'Occident et de poursuivre l'expansion islamique, composèrent une langue véhiculaire hybride, l'osmanli, fortement influencée par l'arabe et le persan, tout en adoptant l'acquis prestigieux de ces deux littératures. Les antagonismes entre dirigeants et dirigés étaient d'autant plus marqués que les paysans nomades étaient généralement chiites, adeptes de sectes hétérodoxes teintées de chamanisme, tandis que les seigneurs et citadins adhéraient le plus souvent à l'orthodoxie sunnite. Le mode de gouvernance seldjoukide et surtout ottoman, fortement centralisé, a contribué à maintenir les profonds contrastes sociaux entre habitants des villes et habitants des campagnes. Une dualité culturelle s'est ensuivie, qui implique une double analyse des manifestations littéraires au long des siècles.
La littérature orale
Bien que les documents sur la littérature turque orale de l'époque des Seldjoukides soient quasi inexistants, il est possible d'en reconstituer les traits dominants par recoupement, car on connaît la poésie des Turcs anciens grâce au dictionnaire turc-arabe de Mahmoud-al-Kachgârî (1072) et, plus tardivement, grâce aux premiers recueils manuscrits ottomans se rapportant aux siècles précédents. Ainsi l'on constate, pour les œuvres de caractère folklorique, que cette poésie populaire n'a subi que peu de modifications jusqu'à l'époque moderne ; cette lenteur d'évolution peut s'expliquer par le statisme de la société paysanne et nomade. La poésie chantée populaire, accompagnée par des instruments à cordes (saz), est de tout temps une forme vivace du lyrisme turc ; avec le mâni (couplet de quatre vers à sept syllabes, avec rime unique), ce sont les thèmes de l'amour, du destin, de la mort et de la nostalgie qui s'expriment. Les lamentations funèbres (aǧıt), souvent improvisées, relatent des événements dramatiques. On y recourt fréquemment, ainsi qu'au destan (chant épique), qui peut durer plusieurs veillées. Il faut encore mentionner les contes (masal), les contes facétieux, les comptines (tekerleme), genres qui permettent un débridement imaginatif, allant du comique au fantastique et qui, venus de loin dans le temps et dans l'espace, relèvent du folklore. La contribution de ces genres à la langue et à la littérature modernes aura été finalement plus importante que les productions appartenant à la littérature du sérail. Grâce à des manuscrits et à des recueils datant des débuts de la période ottomane, on peut encore découvrir la littérature des adeptes du mysticisme oriental soufi, qui s'est développée dans les tekke (monastères musulmans) urbains ou dans ceux des campagnes.
Deux figures marquantes symbolisent cette division culturelle dès les débuts de la littérature turque en Anatolie. La première est celle de Celâleddin Rûmi (Djalāl al-Dīn Rūmī), qui vécut à Konya (1207-1273). Maître prestigieux d'un mouvement mystique, le mevlevisme, il composera ses chefs-d'œuvre, le Mesnèvī (ou Mathnawī) et le Dīvān-e Shams-e Tabrīzī (Divan de Shams de Tabriz) en persan. L'autre personnage clé de la littérature turque est Yunus Emre (?1320 env.) qui contribua de façon décisive à fixer la langue poétique. Ce derviche (moine mystique musulman) vécut dans les régions frontière face à Byzance,[...]
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Écrit par
- Michel BOZDÉMIR : professeur émérite de langue et civilisation turques
- Ali KAZANCIGIL
: politologue, essayiste, directeur de la revue
Anatoli : de l'Adriatique à la Caspienne - Robert MANTRAN : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
- Élise MASSICARD : directrice de recherche CNRS/CERI Sciences Po
- Jean-François PÉROUSE : enseignant-chercheur, université de Toulouse Jean Jaurès
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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