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TYLER WALTER dit WAT (mort en 1381)

D'origine obscure, peut-être ancien valet d'armes, Walter Tyler est présenté par toutes les chroniques, dont celles de Froissart, comme l'un des grands « capitaines » de la révolte des paysans et artisans anglais de 1381. Il surgit dans l'histoire au moment d'une grave crise économique, sociale et démographique, liée en particulier aux effets de la peste noire ; il semble avoir été nourri des idées subversives de l'époque, dont certaines sont répandues par les « pauvres prêtres » disciples de John Wyclif et qui, à l'instar de John Ball, prêchent pour une plus grande égalité sociale et pour la pauvreté de l'Église ; il appartient à une société sensible au culte du héros sauveur et du justicier, et qui aime les gestes de Robin des Bois et de Pierre le Laboureur ; il a partagé la révolte d'un peuple contre le gouvernement cupide de Jean de Gand, tuteur de Richard II, et contre la corruption des administrateurs locaux. Il est présenté comme le grand responsable de la révolte du Kent, où il a bénéficié de l'appui de nombreux petits paysans propriétaires. Ses actes et ses déclarations en font un personnage quelque peu extraordinaire, soucieux de vastes réformes, capable de concevoir un véritable changement du système politique et très différent de ses compagnons, plus préoccupés de satisfactions immédiates. Son aventure personnelle connaît un sommet et s'achève entre le 11 et le 15 juin 1381. À la tête de milliers de révoltés, il marche sur Londres, réussit à y pénétrer, livre palais, établissements religieux, maisons des Flamands au pillage de ses troupes, laisse massacrer le chancelier Simon of Sudbury, le trésorier Hales et d'autres conseillers du roi qui s'étaient vainement réfugiés à la Tour. Le 15 juin, il provoque près de Londres, à Smithfield, une entrevue avec Richard II. Au cours d'une violente dispute, et sous prétexte qu'il menaçait le roi, Tyler est tué par le maire de Londres, William Walworth, et d'autres gens de la suite du souverain. Fort habilement, et usant de promesses mensongères, Richard II persuade les partisans de Tyler demeurés à l'écart, de renoncer à venger leur chef. La disparition de celui-ci ne met pas fin à un mouvement de révolte qui n'a pas été limité au Kent ni exclusivement soumis à sa personne ; plusieurs révoltés semblent avoir porté ou repris son nom. Plus tard, il incarnera un certain mythe révolutionnaire : en 1795, le jeune poète Robert Southey compose une tragédie en son honneur. L'échec de la révolte de 1381 a été complet, mais son principal meneur compte parmi les grandes figures de la révolte sociale en Angleterre.

— Roland MARX

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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